De la culture familiale à celle de la collectivité

Publié le par Bernard Pradines

De la culture familiale à celle de la collectivité

Il y a peu, au début du siècle précédent, l’immense majorité des personnes âgées finissaient leur vie dans leur famille. Ce n’est plus le cas. Le développement des établissements spécialisés va croissant. Désormais, 25 % des françaises et français y meurent en 2015, tous âges confondus. Du jamais vu.

Au cours de mes dix-huit années d’exercice médical institutionnel, je fus frappé par l’attitude des proches aidants qui demeure marquée exclusivement par des considérations familiales : chacun vient plaider ou protester pour le sien, presque toujours sans vision globale des problématiques rencontrées par l’institution. L’information fournie par celle-ci peut être inexistante. Dans tous les cas, elle circule mal ou pas du tout. Alors que tous déplorent peu ou prou le coût des maisons de retraite, bien peu (aucun ?) sont au fait du budget de l’endroit. Les conseils de la vie sociale peuvent être des coquilles vides. Les candidatures ne se bousculent pas. Il n’y a que rarement une association vraiment représentative des usagers, ici composée essentiellement des familles des résidentes et des résidents. Apparaissent quelques familles particulièrement motivées, parfois dans une attitude globalement négative de rejet de leur situation propre et de celle de leur parent.

Ce qui suit est difficile à écrire. Nous sommes passés insensiblement d’une sorte d’artisanat de la famille à la catégorie du management collectif, une forme d’industrialisation de la vieillesse. Pourtant, la scène se joue encore sur le terrain du mélodrame familial, pas dans le registre du collectif. Il est vrai que cette dernière dimension n’a cessé de diminuer au cours des dernières décennies : désaffection pour l’action syndicale, défiance accrue envers la politique, réseaux associatifs en quête de bénévoles, surtout dans les secteurs de la solidarité. Place à la commercialisation des services et à la famille consommatrice.

Une note d’espoir : les mouvements de l’hiver 2018 ont su rassembler, pour la première fois, les acteurs du terrain, bien qu’encore trop timidement mobilisés : salariés, directeurs, familles, citoyens.

Il ne faut pas désespérer de l’avenir !

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C
Je partage complètement l'avis du Dr Pradines.<br /> <br /> Je crois fondamental d'initier les familles à l'aspect budgétaire des structures. Je crois que désormais un EHPAD est tenu de fournir chaque mois au résident une facture détaillée des prestations données et c'est une très bonne chose.<br /> <br /> Après sur ce sujet, il manque quand même une vaste étude sociologique qui expliquerait comment la prise en charge des besoins fondamentaux d'une personne âgée est passée en l'espace de quelques décennies du bénévolat des familles au travail salarié, donc rémunéré des aides- soignants et des agents ou aides à domicile. <br /> <br /> Quand je travaillais en EHPAD, les familles me donnaient souvent impression , même si elles ne l'exprimaient pas clairement qu'elles avaient le sentiment de payer trop cher pour le boulot que j'étais censée apporter à leur personne âgée. Et à domicile c'est un sujet récurrent à propos des aides à domicile .... sauf que le travail demandé ( je parle essentiellement des besoins fondamentaux) par la dépendance des personnes âgées les familles ne le font plus et ou ne peuvent plus le faire.
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M
Bonjour,<br /> Pendant 6 ans j'ai été la Présidente du CVS du Centre de gérontologie Pech Dalcy à Narbonne. Durand cette période nous avons travaillé pour le bien être des résidents et y sommes parvenus. Voir mon blog dédié aux résidents et leurs familles : assocpechdalcy.overblog.com<br /> Cordialement
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