Une autre approche de la démence
Les patients atteints de démence sont souvent perçus comme peu résistants, plongés dans un univers effrayant où tout n’est qu’obscurité. Des médecins luttent contre ces idées préconçues en soulignant en premier lieu que la démence peut avoir des effets positifs chez certains patients, chez qui la perte de la mémoire permet d’oublier un événement qui a pu les contrarier quelques minutes auparavant.
On peut mettre à l’écart le recours à la mémoire et la remplacer par l’imagination. Le patient est invité à exposer ce qu’il lui manque, quelles difficultés il rencontre, il va pouvoir utiliser les capacités qu’il a pu conserver. On lui pose une question qui l’invite à proposer une réponse, peu importe qu’elle nous paraisse sensée ou pas, l’important étant de montrer au patient qu’on est à son écoute. Les mots n’ont que très peu d’importance, l’essentiel est ailleurs, dans la complicité de l’écoute.
Ces attitudes ont leur place dans les établissements d’accueil de seniors. Le personnel va objecter qu’il est épuisé, qu’il manque de temps. Les formateurs répondront qu’il y aura un effet positif réciproque, ils reconstitueront leur réserve d’énergie. Un exemple d’activité de formation est cité.
L’animateur montre une image de château-fort ancien entouré de fossés emplis d’eau. Il est l’image d’une maison de retraite, les seules personnes qui peuvent entrer sont le personnel, la famille, les amis, ces derniers en nombre toujours bien insuffisant.
Quelles améliorations pourrait apporter un coup de baguette magique ? Des gériatres immédiatement disponibles, du chant, de la danse, des artistes divers dans tous les établissements pour solliciter l’imagination et la création.
Commentaires de Bernard Pradines. Ce texte semble traduire la perplexité de notre société devant son évolution historique récente. Embarras devant la démence de plus en plus fréquente, « effrayante », avec la régression chronologique du château-fort. Le tout avec un personnel insuffisant et dépassé. La volonté de se rassurer est perceptible. Pourtant, je ne suis pas aussi convaincu que les auteurs de la possibilité d’effacer un moment désagréable grâce aux troubles mnésiques. En tout cas, ne pas compter sur ce mécanisme pour l’oubli de maltraitances éventuelles ! Mais je les rejoins dans la validation des sentiments de la personne vulnérable, au-delà de la manière dont ils sont formulés. A ce propos , on lira avec intérêt l’ouvrage sur la méthode de Naomi Feil*.
*https://www.fnac.com/a11251826/Naomi-Feil-Validation-La-methode-de-Naomi-Feil
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