La médecine est-elle toujours un art ?
Pendant des millénaires, les médecins ont dû prendre des décisions devant des situations complexes sans maîtriser l’ensemble des caractéristiques d’une maladie et ses complications possibles. L’examen ne pouvait se faire qu’à partir de l’observation sensorielle. Prendre la bonne décision réclamait une bonne sûreté de jugement, de l’expérience et relevait de l’art.
Cette époque est terminée. Les médecins maîtrisent la physiologie, la biochimie, la pathologie. Ils explorent l’ensemble du corps du patient. Ils connaissent l’efficacité probable de chaque médicament, ainsi que ses effets secondaires éventuels. Pour chaque maladie, il existe un traitement optimal. Tout repose sur les travaux de recherche, la statistique, tout est contenu dans l’ordinateur.
Il n’y aurait donc plus de place pour l’intuition, les sentiments, la passion ? Question absurde. L’invention de la tronçonneuse n’a pas tué le métier de bûcheron pas plus que celle du micro-ondes n’a tué le cuisinier. Les progrès de la connaissance nous rendent meilleurs dans l’exercice de nos fonctions. Le médecin peut recueillir une masse d’informations qui rendent le diagnostic plus précis et permettent un traitement plus efficace. Tout comme le sculpteur qui n’hésite pas à attaquer un bloc de marbre au burin électrique pour réaliser une création, le médecin conserve ses capacités d’imagination créatrice, son habileté à transmettre un message. La médecine reste un art avec la technique à son service.
Source
Dr James Salwitz, cancérologue Medicine is No Longer an Art. Right? Science-based medicine still needs the human element at its core