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famille

Susciter l’implication des familles dans le monde de la santé

Publié le par Louis Lacaze

Susciter l’implication des familles dans le monde de la santé

Il arrive que les gériatres hospitaliers jettent un coup d’œil envieux vers leurs confrères pédiatres qui établissent un contact régulier avec les familles. L’univers hospitalier est un monde à part, coupé du monde réel, où il est difficile de prendre des décisions en ignorant le vécu du patient tel qu’il est perçu par la famille.

« Voulez-vous qu’on contacte quelqu’un de votre famille ? » - « Oh non, ça va, laissons la famille en dehors de tout ça ». Sur un plan clinique un soignant ne peut pas se contenter de cette réponse. Informer la famille ne relève pas uniquement d’un acte de charité mais permettra d’acquérir des informations sur les valeurs du patient et l’amener éventuellement à modifier ses préférences.

Comment réagir devant un refus catégorique ? On peut explorer les raisons de ce refus, solliciter des détails. Le patient craint de déranger, d’effrayer ses proches. Ne seront-ils pas davantage contrariés si la situation s’aggrave ? Une occasion se présente si le patient âgé ne se croyait pas aussi atteint. Il peut alors tenir à ce que ses proches en soient informés.

Une rencontre avec les proches peut avoir lieu en présence directe à l’hôpital ou bien en visioconférence. La première réaction de la famille peut ressembler à ceci : « On ne voit pas pourquoi notre présence est indispensable. Nous étions occupés ailleurs ». Par contre, une fois informés, ils abordent des sujets jusque-là ignorés et qui impliquent des décisions à prendre soit en famille, soit sur le plan médical. Toutefois, un patient dément ou présentant un déficit cognitif avancé pourra toujours exprimer certaines craintes ou préférences qui rejoignent ou non celles de sa famille.

 Le médecin n’est plus enfermé dans la zone grise de l’univers hospitalier, il découvre la nature de la vie du patient en dehors de l’hôpital et peut alors la prendre en compte dans sa prise de décision. Le patient, la famille, le médecin se retrouvent tous gagnants, les décisions issues d’un travail commun ont toujours les plus fructueuses.

Commentaires de Bernard Pradines. Dans mon expérience professionnelle en soins de longue durée, la famille était la principale source de renseignements pour l’accompagnement soignant de son parent malade et dépendant. Les causes invoquées ci-dessus étaient largement contributives sans oublier la fréquence élevée des troubles cognitifs. L’intérêt principal des entretiens et questionnaires écrits aux familles réside dans la probabilité élevée de renouvellement d’un événement pathologique antérieur, organique ou psychique. La surprise n’est pas souvent au rendez-vous si l’on connait bien le patient sous ses multiples aspects. Ce n’est donc pas du temps perdu, au contraire.

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La formation en gériatrie peut emprunter des chemins inattendus

Publié le par Louis Lacaze

La formation en gériatrie peut emprunter des chemins inattendus

« Tu ne peux pas rester seul dans cette maison ». Tu dois cesser de conduire » Trop souvent ce type de discussions impliquant une personne âgée dégénère en conflit entre le senior et sa famille. Le blocage est total, les arguments se heurtent à un mur. Bien souvent la famille refuse d’entrer dans une situation conflictuelle, retarde l’échéance ; le problème fait boule de neige et on se retrouve dans une situation de crise aigüe. La famille est impuissante. Si le personnel soignant est qualifié pour communiquer avec les patients, prendre des décisions, il l’est moins pour négocier face à une résistance à toute suggestion.

Le docteur Lee, gériatre, a providentiellement eu l’occasion de s’inscrire à une école de commerce où elle a choisi de suivre les cours « Négociation, Solution de conflits » systématiquement dispensés aux étudiants destinés à des fonctions administratives. L’objectif est d’aboutir à une solution gagnant-gagnant. Négocier ne jouit pas d’une image de marque très positive où il s’agit de persuader son interlocuteur de faire ce qu’il refuse de faire. Dans le domaine de la santé il s’agit d’aider le patient – ou la famille – à comprendre son intérêt pour protéger une vie qui serait à risque dans le domicile habituel ou au volant d’une voiture. Il est à retenir qu’une négociation n’est pas un conflit mais la recherche d’un consensus entre les parties. Il s’agit d’agrandir le gâteau pour que chacun en trouve une part, pense qu’il est gagnant avec la solution obtenue.

« J’ai raison, tu as tort ». Pour sortir du blocage ne jamais utiliser l’argument de force « je suis ta fille, c’est moi qui décide, qui m’occupe de toi » qui sera perçu comme une agression. Dans un premier temps il est bon de recueillir un maximum d’information. Pourquoi le senior veut continuer à conduire ? Comment peut-on respecter son envie de sortir ? Parler sécurité sera inefficace. Ce qu’il veut, c’est conserver son indépendance. On peut montrer que personne n’est totalement indépendant, on dépend des horaires, on est soumis aux impôts. C’est par la recherche des intérêts du senior qu’on veut préserver, mais dans un cadre différent que la négociation peut avancer.

Plus on négocie plus on progresse. Négocier devient une sorte de jeu où vous êtes de plus en plus rapide et efficace. Les adeptes de l’exercice ont pu constater son apport positif sur leur vie professionnelle et, cerise sur le gâteau, qu’ils prenaient plaisir à utiliser leurs aptitudes à négocier dans la vie courante.

Commentaires de Bernard Pradines. Intéressante publication. Rappelons que GérontoLiberté fait état d’opinions diverses sans forcément les partager. C’est donc un lieu de débat et de… négociation. Le texte ci-dessus est marqué du sceau du pragmatisme que nous observons Outre-Atlantique. Il fait montre d’un optimisme rafraichissant mais discutable. Par manque de place pour développer la complexité des problèmes, il évite de citer et de détailler les lieux et acteurs de pouvoir dont nous avons hérité après des siècles de relations familiales entre jeunes, adultes et ainés. La relation nouvelle et massive avec les institutions, en particulier les services de soins à domicile et les établissements médico-sociaux, vient compliquer la donne. Surtout, la problématique soulevée est singulièrement modifiée par l’épidémie de troubles cognitifs à laquelle nous assistons. La tentation devient alors grande de traiter tout opposition comme un désordre mental. En cela l’expertise médico-psychologique rigoureuse a toute sa valeur. Un autre aspect est celui de la personne du négociateur : qui est habilité pour ce faire ? Est-ce le rôle des soignants ?

Enfin, bien des situations relèvent des droits méconnus des personnes âgées. Une fois de plus, je recommanderai la lecture du livre paru en 2023 sous la plume de Gérard Brami : « Les oubliées ».

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