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Les ravages méconnus de l’âgisme

Publié le par Louis Lacaze

Les ravages méconnus de l’âgisme

Becca Levy, professeur de médecine, demande à chaque rentrée à ses étudiants d’écrire les cinq premiers mots qui leur viennent à l’esprit pour décrire une personne âgée. Les mots « esprit créatif » et « sagesse » arrivent loin derrière « sénilité », « infirmité », « vouté » et « usé ». La présentation des résultats de l’enquête constitue auprès des étudiants un message censé provoquer une remise en question des stéréotypes affectant l’âgisme.

 Leurs conséquences sur la santé physique et mentale et sur l’espérance de vie des séniors ont été analysées dans une étude débutée en 2002 portant sur 600 personnes de plus de 50 ans. L’étude montre que 20 ans plus tard les séniors qui avaient une conception positive de la vieillesse présentaient une médiane d’espérance de vie supérieure de 7 ans et demi par rapport à ceux qui affichaient les conceptions les plus négatives.

 Le risque de présenter une maladie cardiovasculaire était deux fois plus élevé et se manifestait à un plus jeune âge. Les résultats des tests de force musculaire, d’équilibre, de marche après six mois d’exercice ainsi que les tests d’audition et de mémoire étaient inférieurs à ceux d’un groupe témoin. Les risques de troubles psychiatriques, d’anxiété, de dépression, de tendance suicidaire étaient plus élevés.

 Certains participants ont accepté que leur cerveau soit scanné et autopsié à leur décès. Les cerveaux de ceux qui avaient une vision négative de leur âge présentaient une plus forte baisse du volume de l’hippocampe, davantage de plaques et de dégénérescence neurofibrillaire. S’ils présentaient la forme génétique APOE4 qui prédispose à la maladie d’Alzheimer, ils étaient plus souvent touchés par la maladie que le groupe des optimistes.  

 Si plusieurs sources suggèrent l’adoption de mesures visant à permettre aux seniors d’avoir une vie active qui serait valorisée dans les médias, on doit reconnaitre que mobiliser toute une population pour l’amener à abandonner ses stéréotypes est loin d’être simple.  Une lueur d’espoir pourtant : cette population ne supporte plus le scandale des conditions de vie des résidents dans certaines maisons de retraite qui perdure depuis des années. Puisse cette réaction être durable et faire tache d’huile.

 Commentaires de Bernard Pradines. Problèmes comparables aux USA et en France. Il convient toutefois de toujours s’interroger sur l’interprétation des résultats des études. En effet, il est loisible de penser que le pessimisme des uns est conditionné par leurs mauvaises conditions de vie dont des problèmes de santé dès l’âge de 50 ans. D’autres biais sont possibles comme des représentations culturelles différentes selon des populations hétérogènes telles qu’observées aux USA. Le rapport entre la subjectivité et la réalité du risque n’est pas définitivement tranché avec le fameux « mens sana in corpore sano ». La manière dont une société tout entière considère la vieillesse conditionne aussi la vision optimiste ou pessimiste qui s’y attache. Autrement dit, je ne déciderai pas seul, isolément, de mon optimisme ou de mon pessimisme. Je devrai tenir compte de l’image, la « représentation » comme disent les psychologues, que les autres se font de moi.

Sources :

 

 

Pour aller plus loin :

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Les soins palliatifs. Pour qui ? Á quel moment ?

Publié le par Louis Lacaze

Les soins palliatifs. Pour qui ? Á quel moment ?

Kate Courtright, connue pour ses recherches en soins intensifs et en soins palliatifs cherche à appliquer les avancées en ce domaine à l’ensemble des patients, pas seulement aux effectifs sélectionnés sur lesquels travaillent les chercheurs. Autrement dit comment passer de l’efficacité dans l’étude à la performance sur le terrain ?

Des questions fondamentales sont abordées, la première étant de savoir qui doit recevoir des soins palliatifs. Comme les spécialistes dans ce domaine sont en nombre insuffisant, il ne sera pas possible de répondre à la demande. Doit-on proposer à tous les patients atteints d’affections graves l’ensemble de la large palette des soins palliatifs ?

Nombre de patients gravement atteints présentent des besoins psychosociaux, physiques et mentaux, comme en fin de vie.

Quand faire intervenir les soins palliatifs ? Très tôt, dès le diagnostic de pathologie chronique grave ? C’est au spécialiste en soins palliatifs d‘étudier le cas et de planifier son intervention.

Comment ne pas froisser les égos des cliniciens habituels qui ont une connaissance parfaite des patients ? Ils sont incontournables mais ils sont toujours pressés. Le spécialiste en soins palliatifs peut les aider à réfléchir au pronostic qui risque de suivre leur diagnostic.

Le handicap principal est le nombre insuffisant de spécialistes en soins palliatifs dans toute la chaine des soins.

Commentaires de Bernard Pradines. En France, comme ici aux USA, une tendance se fait jour de faire bénéficier des soins palliatifs des personnes qui sont loin de la veille de leur décès. Ceci se justifie par l’expérience acquise dont les spécialistes des soins palliatifs pensent à juste titre qu’elle pourrait aider des malades chroniques. Au plan théorique, cette option se justifie par le fait qu’est considéré comme palliatif un soin qui ne guérit pas le patient (soin curatif) ou qui ne supporte pas une fonction vitale tel que la nutrition artificielle, l’hémodialyse, la ventilation artificielle… (soins de substitution).  Un large éventail est ainsi ouvert qui fait venir un nouveau spécialiste sur le terrain des praticiens habituels, d’où « l’égo froissé ». Surtout, les mots font peur ; ainsi les soins palliatifs évoquent-t-ils la toute fin de vie. Voici comment la sémantique est un obstacle supplémentaire à l’amélioration des soins !

Source :

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