Mourir après l’heure ? Doit-on retarder la mort ?
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Daniel Callahan, haut responsable d’organismes de santé aux Etats-Unis a commenté le projet de recherche de Google visant à prolonger (presque) indéfiniment notre espérance de vie. Voici résumé l’essentiel de son article.
L’allongement de notre espérance de vie moyenne s’explique surtout par la diminution de la mortalité infantile. Certes la recherche sur la réparation des gènes défectueux, l’échange standard de certains organes peuvent déboucher sur des applications pratiques, mais il ne faut pas espérer d’avancées aussi marquantes que celles du siècle dernier.
On doit noter que si la médecine moderne maintient en vie les personnes âgées atteintes de maladies chroniques le coût est élevé pour la société. 10% de la population américaine consomme 80% des dépenses de santé, affectées principalement aux maladies chroniques et aux soins de fin de vie. Il est historiquement démontré que, plus on vieillit, plus les coûts des soins explosent. Cette progression pourra-t-elle se prolonger à l’infini ?
Il ne faut pas se leurrer : le ralentissement du vieillissement ne va pas venir contrecarrer cette progression des dépenses. Le corps humain n’a pas été conçu sans défauts, il n’a pas non plus été conçu pour durer indéfiniment.
Par ailleurs, une prolongation importante de la durée de vie est-elle souhaitable ? Qui paierait les retraites, les soins médicaux ? Quand les jeunes pourraient-ils entrer sur le marché du travail ? Les personnes âgées sont censées apporter la sagesse, mais en avons-nous la preuve dans notre société ?
Contentons-nous d’espérer que les progrès de la science permettront aux jeunes de devenir vieux. Rien ne nous oblige à permettre aux vieux de durer indéfiniment, tout au contraire nous avons l’obligation de permettre à la mort d’entrer en scène.
La publication de cet article a déclenché un certain nombre de réactions parmi les gériatres américains. En voici un résumé :
La recherche médicale ne promet pas l’immortalité et ne cherche pas à prolonger la vie des personnes malades. En retardant le vieillissement elle retardera l’apparition de maladies chroniques coûteuses à soigner. La vie active sera prolongée. Les pensions de retraite étant versées plus tard le coût sera supportable.
Une médecine axée sur la prévention diminuera fortement le coût des maladies chroniques. Elle doit être encouragée. Ce sera une grande révolution dans les années à venir, on ne doit pas la craindre mais l’encourager, une population âgée en bonne santé est un atout précieux pour la société.
Sources
Daniel Callahan est le président émérite du "Hastings Center" et co-directeur du "Yale-Hastings Program in Ethics and Health Policy".
Voir aussi sur ce site l’article du Time http://free.geriatrics.overblog.com/2013/10/google-supprimera-t-il-la-mort.html