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Le suicide assisté n’apporte pas une réponse à toutes les interrogations.

Publié le par Louis Lacaze

Certains états américains ont autorisé le suicide assisté et les médecins entendent plus fréquemment leurs patients leur demander de mettre fin à leur souffrance. Si leur requête peut être explicite, elle prend souvent la forme d’un sondage. Le moment est alors venu de poser des questions ouvertes, d’amener le patient à préciser sa pensée. « Vous avez dit quelque chose il y a une minute, je ne suis pas sûr d’avoir bien compris. Pourriez-vous être plus précis » ? Il s’agit d’éviter à tout prix de voir le patient considérer les paroles du praticien comme une suggestion subtile d‘en finir une fois pour toutes et non comme une simple information visant à vérifier qu’il connait toutes les options.

S’assurer que toutes les ressources des soins palliatifs ont été épuisées prend toute son importance lorsqu’on sait que 46% des patients qui ont sollicité un suicide médicalement assisté changent d’avis et ne passent pas à l’acte. A-t-on aidé le patient à rechercher des raisons de rester en vie ?

La légalisation du suicide assisté est donc loin de résoudre tous les problèmes : clause de conscience, problèmes de logistique : qui va rédiger l’ordonnance indiquant le produit, la dose à utiliser ? Quelle pharmacie va livrer le produit ? Qui va l’apporter au patient ? Le praticien se retrouve face à bien des incertitudes, dans un domaine qui va dévorer son temps, son énergie avant de lui permettre de savoir jusqu’où il va accompagner son patient mais pas au-delà.

Source :

Publié dans éthique, fin de vie, politique

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Comment trouver le mot juste devant la fin d’une vie

Publié le par Louis Lacaze

Comment trouver le mot juste devant la fin d’une vie

Anne Smith a accompagné le lent cheminement de sa mère vers son décès

Après avoir passé cinq jours auprès de ma mère à observer sa poitrine qui se soulevait et s’abaissait lentement, à compter les doses de calmants qu’on lui administrait ainsi que les jours où elle n’avait été ni alimentée ni hydratée, j’ai demandé à l’infirmière combien de temps elle allait encore résister.

- « Ça peut durer, à 87 ans votre mère est forte, elle se bat ».

- « Elle se bat contre quoi ? Contre la mort ? Contre la vie ?».

Le mot m’a révoltée. Se battre est un verbe d’action. On se bat avec un objectif bien défini. J’aurais aimé hurler : «  mais non ! Elle ne rassemble pas ses forces, elle ne stocke pas de munitions, elle ne suit aucune stratégie. Son corps n’est qu’un piège qui la retient, elle est tout à fait incapable de se battre ».

Le personnel pouvait-il  comprendre que le mot était pour moi une torture : votre mère se bat alors que vous vous avez décidé de ne plus l’alimenter et l’hydrater pour hâter sa fin. Elle se bat et vous êtes furieuse parce qu’elle ne meurt pas assez vite.

Je me suis documentée, j’ai appris qu’on pouvait vivre plus de 17 jours sans nourriture et sans eau. J’ai prié pour ne pas avoir à attendre aussi longtemps. J’ai aussi appris qu’au moment de la mort tous les muscles se détendaient. J’ai jugé le mot réconfortant, acceptable. Je lui ai dit que l’aimais, je suis restée auprès d’elle à attendre qu’elle se détende. Et le neuvième jour, comme je lui tenais la main elle s’est enfin détendue.

 

Commentaire de Bernard Pradines :

La dimension de lutte, de combat, a déjà été remise en question pour cette phase de la vie. Au-delà de la discussion de fond sur ce texte et de l’analyse des sentiments qui animent son auteur, l’importance des mots et du contexte dans lequel ils sont prononcés doivent retenir notre attention. Nous retrouvons ici encore le hiatus entre soignants et familles : les premiers s'interrogent sur le "comment" et les secondes sont d'abord préoccupées par le "quand".

 

Source

Anne Smith :

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