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abandon therapeutique

Témoignage de carence en soins

Publié le par Christiane Réal

Image issue de : https://msf.lu/fr/a-propos-de-msf/ecoles/kit-acces-aux-soins

Image issue de : https://msf.lu/fr/a-propos-de-msf/ecoles/kit-acces-aux-soins

Christiane Réal, ancienne infirmière, témoigne.

Dans un contexte de déménagement avec changement de région en France, porteuse d'une pathologie cardiaque invalidante à 70 ans, je rencontre d’énormes difficultés à bénéficier du suivi cardiaque qui s’impose.

Je me suis retrouvée sans domicile fixe durant tout le printemps et l’été 2022, donc en rupture totale de suivi durant six mois.

Maintenant en Dordogne :

Soins dentaires

J'ai sollicité un rendez-vous en juillet 2022 et ne l’ai obtenu que pour mai 2023, soit huit mois après ma demande.

Cardiologie

J’ai essuyé un refus hospitalier de m'accorder un rendez-vous. J'avais fort anticipé cette difficulté mais je n'avais pas prévu que l'on exigeât une lettre d’un médecin généraliste pour confirmer la nécessité de surveillance.

Médecine générale

J'ai appelé pas moins de seize cabinets médicaux durant ces deux derniers mois.

Je viens enfin d'être acceptée par le méritant seizième. Encore a-t-il refusé fermement de devenir mon "médecin référent" ; il me dépanne pour une prescription de mon traitement. Il m’a au moins rédigé une lettre demandée par l'hôpital pour mon suivi cardiaque.

Doctolib ou MAIA

Trop âgée, j’ai été incapable d'obtenir le moindre rendez-vous en passant par ces sites. Ma médecin précédente était pourtant disposée à continuer à me suivre.  Encore eut-il fallu pouvoir programmer le rendez-vous de consultation !

Reste l'aide de la pharmacie

Elle ne me propose qu'une consultation en distanciel. Donc pas de mesure de la pression artérielle ni de contrôle du poids qui sont pourtant basiques dans la surveillance de ma pathologie.

Plus de deux mois après emménagement, je suis donc dans l'impasse.

J'ai contacté l'Ordre des Médecins. Je suis une parmi des centaines ; il ne peut rien faire pour moi et pour les autres !

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Moi aussi je l’ai vécu

Publié le par Nanette, infirmière

Image issue du site : https://www.ictjournal.ch/news/2020-03-18/un-des-principaux-fabricants-de-respirateurs-artificiels-est-suisse-et-croule-sous

Image issue du site : https://www.ictjournal.ch/news/2020-03-18/un-des-principaux-fabricants-de-respirateurs-artificiels-est-suisse-et-croule-sous

Moi aussi, je l’ai vécu. Surtout en réanimation lorsqu'il faut arrêter la ventilation artificielle après les précautions d'usage. Cela fut difficile pour moi voire impossible parfois, surtout chez les enfants.
Avec toute l'équipe soignante, nous avons vécu de nombreux décès ; chaque départ est unique. Nous vivons auprès des patients un vrai dialogue.
Quelques paroles émises par des patients me reviennent à l’esprit avec force. Ils étaient conscients qu'ils allaient mourir bientôt :
 - laissez-moi un peu de temps, je dois parler avec ma petite-fille de huit ans, je vous dirai quand vous pourrez augmenter les médicaments contre la douleur.
- un grand-père attendait la naissance de sa première petite-fille. Il est décédé après l’avoir vue. 
Combien de décès plus ou moins difficiles sont gravés dans la mémoire des soignants !
J’ai entendu plusieurs fois dire : « vous êtes devenue insensible à la mort », et pourtant c'est une épreuve pour tout soignant qui accompagne les patients en fin de vie.
Si je puis me permettre une analyse personnelle, je ne pourrai pas être soignante dans un temps donné et programmer dans un autre temps la mort d'un autre patient. Par contre, je suis entièrement d'accord pour utiliser tous les moyens mis à notre disposition pour soulager les symptômes pénibles dont souffre le patient. C’est bien en ce sens que j'ai suivi l’enseignement d’un diplôme d’université sur la douleur.
La maladie grave permet aux patients et aux accompagnants de se préparer à l'ultime départ.
Je l'ai également vécu il y a longtemps dans mon environnement familial. Tout récemment, on a demandé à mon neveu s’il avait écrit ses directives anticipées. « Non », il vivait avec la perspective de sortir de l'hôpital et de partir en voyage.  Il leur fallut du temps, à lui et à son épouse, pour réaliser que le départ était proche. 
A mon modeste niveau, j'essaie d’engager la réflexion autour de moi à propos de cette loi prochaine de mort assistée. L’opinion et les sentiments des soignants devraient être connus et bien écoutés dans cette période précédant une telle décision.
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