Injection létale : des intentions cachées

Publié le par Bernard Pradines

Injection létale : des intentions cachées

Extrait :

"... la technique de l’injection ne fait pas couler le sang. Elle ne revêt donc pas l’aspect scandaleux car spectaculaire et éclaboussant inhérent à l’acte de ceux qui se défénestrent ou qui recourent aux voies ferrées. Surtout, cette modalité peut rester cachée dans une chambre, dans  une discrétion convenable, politiquement correcte, que ne parvient pas à respecter celui qui se jette d’une tour, d’une falaise ou d’un pont."

Sur le blog du journal La Croix le 23 avril 2018, Patrick Verspieren s’interroge sur le fait que le Conseil économique, social et environnemental (CESE) ait choisi la sédation comme forme d’aide à mourir. Il argumente que « d’autres moyens seraient plus expéditifs et plus simples d’emploi. »

Un peu plus loin, il souligne un risque de confusion avec les soins :

« Tout sommeil évoque d’une certaine façon la mort. Le sommeil obtenu par une sédation plus que tout autre, ce qui suscite d’ailleurs un grand malaise chez des soignants lorsqu’ils ont à réaliser des injections sédatives. La sédation est jusqu’à présent mise en œuvre avec un objectif de soin, selon des modalités déterminées avec rigueur pour garantir le respect de cet objectif. Une sédation volontairement mortelle emploierait les mêmes produits, les mêmes « médications ». Cela faciliterait la confusion entre ces deux pratiques, malgré la divergence de leurs objectifs et de leurs modalités de mise en œuvre. »

Je suis d’accord avec ces appréciations. Pourtant, il me semble qu’elles doivent être complétées. En effet, d’autres facteurs sont ici décisifs. Telle l’administration de la peine de mort dans certains pays, l’injection létale est réputée, à tort ou à raison, douce et rapide par rapport à des moyens jugés violents. De quoi ôter une part de mauvaise conscience à ceux qui s’y prêtent et aux citoyens qui la promeuvent. La pérennité de la peine de mort peut être à ce prix. Enfin, des soignants sont allés jusqu’à pratiquer une telle injection malgré des mises en garde telles que celle de l’Association Médicale Mondiale à Lisbonne.

Par ailleurs, la technique de l’injection ne fait pas couler le sang. Elle ne revêt donc pas l’aspect scandaleux car spectaculaire et éclaboussant inhérent à l’acte de ceux qui se défenestrent ou qui recourent aux voies ferrées. Surtout, cette modalité peut rester cachée dans une chambre, dans  une discrétion convenable, politiquement correcte, que ne parvient pas à respecter celui qui se jette d’une tour, d’une falaise ou d’un pont.

Que le médecin injecte un produit létal permettrait de lui faire porter la responsabilité et la culpabilité inévitable qui sera éprouvée par l’entourage. Elle autoriserait aussi le maintien à domicile jusqu’au bout de la vie en évitant une crainte, parfois une véritable hantise : l’entrée en établissement pour personnes âgées. Un déménagement qui est un déracinement et entraîne l’obligation de frais qui obèrent l’héritage et aboutissent souvent à vendre la maison laborieusement acquise.

Nous sommes à un carrefour qui nous oblige à des choix. Deux voies se présentent à nous : soit celle de l’accompagnement et des soins palliatifs, soit celle de mesures expéditives que ne manqueront pas de demander les inutiles et coûteux, en somme ceux que nous aurons délaissés.

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Entièrement d'accord. Nous, en sommes au stade du comment se débarrasser des "poids morts" que sont de nombreuses personnes âgées !
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