Les mesures barrières : une culture
Les médecins sont parfois sévères. Par ces temps troublés, vous les entendrez dire que les gestes de protection contre le SARS-Cov-2 sont peu, mal ou non respectés.
Pour apprécier cette indignation, il faut aussi se rapporter à une culture médicale dite de l’asepsie. L'asepsie consiste à empêcher la contamination d'une zone ou d'une surface par des micro-organismes étrangers (bactéries, parasites...).[1]
Cette précaution concerne de nombreuses spécialités au premier rang desquelles se trouvent la chirurgie, l’obstétrique ou l’anesthésie. Pour avoir pratiqué cette dernière spécialité avant celle de la gériatrie, je souhaite vous décrire quelques précautions quotidiennes.
Impossible de se gratter le nez sur ou sous votre masque si vous êtes chirurgien. Impensable de ne pas changer de gants si vous avez fait une « erreur d’asepsie » en touchant une surface non stérile. Si vous n’êtes pas opérateur ou aide-opératoire, vous passerez toujours à distance des « champs » opératoires, ces dispositifs en tissu ou en non tissé qui bordent la plaie opératoire.
Et ce ne sont ici que des exemples parmi tant d'autres. Vous apprenez à vivre avec ces contraintes, chaque jour, à chaque heure. Pourtant, nous avons tous fait des erreurs d’asepsie, celles dont nous sommes conscients et… les autres.
Aussi, la crise sanitaire actuelle nous rend-elle parfois révoltés devant tant de légèreté. Mais nous pouvons aussi être tolérants en pensant au long apprentissage qui fut le nôtre et à cette perfection dont nous ne sommes jamais assurés que nous l’avons atteinte complétement.