Avancer avec lucidité et méthode vers une issue fatale programmée

Publié le par Louis Lacaze

Avancer avec lucidité et méthode vers une issue fatale programmée

Randy Curtis, professeur de médecine, spécialiste des soins palliatifs, atteint de la maladie de Charcot, n’a un sursis que de 4 à 5 ans. Il répond ici aux questions des docteurs Smith et Widera, animateurs du podcast Geripal.

Q - Le spécialiste en soins palliatifs que vous êtes s’est retrouvé patient. Ce passage vous a-t-il réservé des surprises ?

R – J’ai été agréablement surpris de voir que mon individualité en tant qu’être humain était totalement reconnue. C’est un sujet essentiel de mon enseignement depuis trente ans ce n’est donc pas pour moi une surprise, par contre il est surprenant de voir à quel point en tant que patient j’apprécie cette attitude.

Q - Entendre ce diagnostic vous a-t-il conduit à modifier vos priorités sur le plan professionnel ?

R – Au cours de ces dix dernières années j’aurais dû davantage me consacrer à l’essentiel et laisser de côté ce qui est secondaire. Maintenant je dois planifier ma vie comme si je n’avais qu’un ou deux ans devant moi. Je dois définir ce qui est le plus important et ne pas me laisser distraire par tout ce qui est marginal. Je passe plus de temps auprès de ma famille mais je veux continuer à exercer un métier qui me passionne, préparer au mieux mes étudiants, leur apporter ce qui leur permettra de réussir quand je ne serai plus là. Je dois les aider à découvrir leurs centres d’intérêt, leur donner l’envie et les capacités d’être à l’écoute des patients, des familles, des confrères. Je dois veiller à écouter ceux que je forme, les aider à découvrir leurs valeurs, leurs objectifs, à les exprimer. Continuer à les guider même si leur intérêts divergent des miens.

Mes étudiants devront retenir cinq commandements essentiels :

  1. Prendre en compte l’information apportée par les familles,
  2. Prendre en compte les émotions du patient,
  3. S’imprégner de l’importance de l’écoute,
  4. Poser au patient les questions qui lui permettront de comprendre qu’à vos yeux il existe en tant qu’individu,
  5. Amener le patient et la famille à vous poser des questions.

Q -Quel souvenir de votre personne aimeriez-vous laisser ?

R – Je pense que je suis un bon médecin, mes publications ont leur importance, mais à mes yeux l’essentiel de mon héritage est représenté par l’ensemble de ceux que j’ai formés et tout le travail qu’ils réalisent actuellement et réaliseront plus tard.

Source

Dr Randy Curtis, Geripal, animé par le Dr Alex Smith et le Dr Eric Widera Living with and studying serious illness: Podcast with Randy Curtis

Randy is in a unique position as someone who studies and cares for people living with serious illness, who now shares his reflections on being on the other side, to reflect on the process of living with serious illness.  His reflections are illuminating and inspiring.

Publié dans fin de vie, éthique

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