Nous vieillissons toutes et tous… 

Publié le par Pierre Caro - pierrecaro@aol.com

Image issue de : https://actu.fr/pays-de-la-loire/saint-gildas-des-bois_44161/a-84-ans-pierre-caro-est-un-retraite-professionnel-qui-veut-donner-la-parole-aux-vieux_54520101.html

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Nous ne pouvons qu’imaginer cette condition puisqu’il ne nous est pas possible d’être vieille ou vieux… pour un temps d’essai ! 

Ce que nous pouvons constater c’est qu’au-delà d’un certain âge, différent pour chacune, chacun d’entre nous, quelques fonctions de notre corps sont moins prometteuses. 

Là commencent souvent des attitudes de discrimination, de ségrégation de la part des autres, et, malheureusement de nous-même.  

Ces autres, généralement, ne me gênent pas, et je fais tout pour demeurer, le plus longtemps possible, celui que l’on a plaisir à rencontrer. 

Octogénaire depuis quelques années, j’ai compris qu’il me fallait entreprendre de vivre autrement. Ce que je ne peux plus porter, je le fais rouler ; ce que je sais me fatiguer, je l’entreprends en plusieurs étapes ; si j’ai quelques difficultés à comprendre, je le dis ou j’entreprends des recherches auprès d’amis, sur mes documents, mon ordinateur… Les premiers pas vers les changements obligés, c’est moi-même qui dois les exprimer. 

C’est ainsi que j’ai choisi de lutter contre l’âgisme : reconnaître ce que je ne peux pas faire. Entreprendre, en expliquer les raisons, ou solliciter l’accompagnement… sans honte ou désespoir. 

Les choses dites sont toujours préférables à celles qui sont cachées… mais je me refuse à laisser dire ou faire quoique ce soit sans réagir aux pensées et actes négatifs des autres qui m’affecteraient comme des blessures morales ou physiques. 

Être vieux ne me gêne pas, j’ai même plaisir à dire mon bonheur de ces années passées et celui que j’envisage pour les décennies à venir ; avec conscience, j’accepte mes différences… que je veux montrer comme des richesses. 

Je ne veux pas lutter contre l’âgisme, seulement montrer que j’ai la chance d’être vieux, en bonne santé, autonome, et responsable de mes engagements. 

Je suis inquiet du moment possible où je « perdrai la tête » ou lorsque je serai entièrement dépendant d’autrui. Je sais les repères de passage mais j’en ignore les circonstances, les échéances. J’ai espoir que les lois de notre pays et dans le monde accompagnent celles et ceux qui souhaitent éviter les longues souffrances, les moments sans vie vécue... 

Ce que je sais, aujourd’hui, pour l’avoir vécu, c’est que l’entrée en situation de retraite est un facteur de changements importants dans la vie. C’est le passage d’un temps contraint par les engagements professionnels dans les obligations de productions industrielles, commerciales, agricoles, de services… encadrés, à celui d’impression de liberté sans obligation de travail. 
Là est le danger, ne pas anticiper les conditions de choix, d’environnement, de projet de vie le plus tôt possible pour « gagner sa vie de carrière et de temps de retraite », celle-ci dépendant en partie de celle-là. 

Vingt-six années de retraite me font dire que le travail, celui qui est choisi, appris, compris et entrepris avec plaisir dans un développement personnel et collectif, est peut-être le meilleur vaccin contre un vieillissement trop rapide. 

Vos remarques, suggestions, critiques, conseil nourrissent mon travail, celui que nous engageons ensemble pour l’association des Francophones Unis Face à l’âgisme (FUFA).

Commentaires de Bernard Pradines. Le blog GérontoLiberté fait part d'opinions et de sentiments qui ne sont pas forcément partagés par son principal animateur : votre serviteur, le "propriétaire" pour employer le terme technique.

Si je suis prêt à discuter de ce qui serait une bonne loi dans notre pays et dans le monde accompagnant celles et ceux qui souhaitent éviter les longues souffrances et des moments sans vie vécue, je reconnais à Pierre Caro le mérite de nous décrire la vieillesse de l'intérieur. En effet, je suis souvent étonné de ne pas entendre les principaux intéressés par ce thème qui les concerne : les vieilles et les vieux eux-mêmes. Mieux, si j'ose dire, les personnes du grand âge se voient facilement invalidées par autrui qui discourt sur... elles.  Les étudiants, dont je sais qu’ils sont nombreux à lire nos lignes ou à suivre nos visioconférences repéreront sûrement chez Pierre Caro des éléments qui leur ont été enseignés : impératif d’adaptation, crainte de la rupture sociale et affective, de la solitude, de la dépendance. De plus, il donne une fois de plus raison à Elisabeth Kübler-Ross dont on a retenu certains stades du deuil de soi en oubliant soigneusement l’essentiel : l’espoir qui traverse cet itinéraire.

Publié dans Expression

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