La raison du plus fort
Enfermer ou ne pas enfermer ? Contenir ou ne pas contenir ? En pratique, l'institution d’hébergement pour personnes âgées est soumise à la pression des directives édictées par la famille du résident. Comme autrefois quand cette dernière pouvait se comporter à sa guise dans l'intimité de la maison commune. Cette situation est particulièrement fréquente si la personne âgée n’est plus en mesure de comprendre et de s’exprimer.
Sauf que l'éthique soignante ne l'entend pas ainsi : c’est la raison de la collectivité contre la raison de la famille.
Mais comme rien n'a changé depuis La Fontaine, la raison du plus fort demeure celle qui peut prévaloir. Soit les places en institution sont peu disponibles et l'opinion des soignants peut l'emporter. Soit l'institution cherche des clients. Alors il vaut mieux faire plaisir - ou au moins ne pas contrarier - le vrai payeur : la famille.
Ces constats qui nous semblent banals sont en fait mal connus du grand public qui n'est pas préparé, surtout par déni, à de telles éventualités. Un immense champ de travail pour les générations à venir.
A moins que l'on ne se bouche les yeux et les oreilles. Un éminent intervenant dans un récent congrès, non contredit par la salle, prévoyait la disparition des EHPAD dans 50 ans. On peut rêver. Surtout si les structures et objectifs de la famille et de la société ne changent pas radicalement.