Qu’entend-t-on par présence thérapeutique ?

Publié le par Louis Lacaze

Qu’entend-t-on par présence thérapeutique ?

Deux professeurs de gériatrie et de soins palliatifs rattachent à leur domaine un concept familier aux psychiatres, celui de la présence thérapeutique. Ce concept prend toute son importance en période de covid-19 où les gériatres tout comme les spécialistes en soins palliatifs peuvent avoir «l’impression d’être comme des chefs cuisiniers officiant dans une cuisine inconnue ».

Les professionnels maîtrisent les techniques de communication et d’observation mais un troisième élément est de première importance : la présence thérapeutique qui montrera que le soignant s’implique totalement dans les problèmes du patient.

Cette présence se décompose en trois éléments.

 

Le premier consiste à accorder une totale attention au patient, à être attentif, réceptif, à ne porter aucun jugement. A rester à l’écoute, en respectant les moments de silence. Le patient remarque très vite si cette attention est authentique ou manque de sincérité.

 

Traduire en mots le ressenti du patient représente le deuxième élément. Il s’agit de digérer l’information reçue du patient et de lui restituer ce qui pour lui a le plus d’importance. On ne lui dit pas « vous avez peur » mais « je comprends que se demander si les médecins pourront vous soulager peut vous terroriser ». Le patient peut répondre « ce n’est pas ça ». Il s’agit alors de reprendre la phase d’écoute attentive puis de faire une nouvelle tentative d’appropriation. Lors de ses visites, le Dr Brenner prend toujours une petite chaise pliante qui lui permet d’entrer dans l’espace du patient et de lui montrer qu’il a toute son attention.

 

Créer un espace commun prégnant sera le troisième élément, illustré par un exemple. Votre jeune enfant se fait une joie d’aller au cinéma, un contre-temps vous contraint d’annuler la sortie, il exprime bruyamment sa déception.

Vous pouvez réagir de différentes façons : A : ce n’est pas grave, fais autre chose. B : papa et maman sont déçus eux aussi, cesse de pleurnicher. C : je comprends très bien que tu sois déçu. La réponse C est la seule qui pourra créer un espace commun prégnant.

Toute personne qui traverse un moment de stress, de grande inquiétude ou se sent vulnérable éprouve le besoin de créer un lien, cette relation émotionnelle de l’enfant se retrouve chez l’adulte. Les soins palliatifs prennent en compte cette exigence pour amener les patients à conserver une certaine qualité de vie tout en leur faisant accepter la possibilité de voir leur état s’aggraver et de mourir. L’objectif est difficile à atteindre et exige la maitrise d’un arsenal de capacités dans le domaine de la psychologie.

 

Commentaires de Bernard Pradines 

Même si la sémantique de cet article n’est pas exactement celle qui est utilisée en France, nous retrouvons :

  • l’écoute bienveillante

  • la reformulation et

  • la validation des propos et des sentiments

Cette attitude peut aussi inspirer la relation des bénévoles et de tout intervenant auprès des personnes vulnérables. 

Source :

Keri Brenner, Dani Chammas professeurs de soins palliatifs et de gériatrie, podcast animé par Alex Smith MD et Eric Widera MD Therapeutic Presence in the Time of COVID: Podcast with Keri Brenner and Dani Chammas

 

 

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Bravo pouf cet article.
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