Fragilité et résistance physique

Publié le par Louis Lacaze et Bernard Pradines

Fragilité et résistance physique

Le Dr Linda Fried, gériatre, reconnait avec humour que la fragilité, tout comme la pornographie, est difficile à définir et ne se reconnait que lorsqu’on la voit. Au cours de ses prises de parole dans des établissements d’accueil pour personnes âgées, elle a souvent demandé : « connaissez-vous quelqu’un de fragile ? » Tout le monde en connaissait mais personne ne se reconnaissait comme fragile.

Après avoir consacré huit années d’étude à ce sujet, elle a pu constater que cinq critères revenaient régulièrement : le manque de force musculaire, la lenteur à la marche, une faible activité physique, un manque d’énergie ou une impression d’épuisement, une perte involontaire de poids. Tous les gériatres connaissent ces symptômes qui marquent le risque de chute, de fracture, d’hospitalisation, d’invalidité permanente, de décès. Lorsque le nombre de ces critères et leur sévérité augmente, la personne perd dangereusement ses capacités de résistance.

George A. Kuchel compare le phénomène à la conception d’un pont suspendu[1]. Si un pylône s’effondre, si un câble principal casse, tout va s’effondrer à la moindre contrainte. Si un câble vertical reliant le tablier du pont à un cable principal est sectionné l’effet sera négligeable ; par contre si davantage de câbles cassent, le danger ira croissant en fonction de leur nombre et le pont finira par s’écrouler.

Quand devrait-on mesurer le degré de fragilité et comment la traiter ? Le Dr Fried pense qu’on devrait la rechercher chez toute personne à partir de 70 ans. Un examen d’une durée de cinq minutes accompagné d’un questionnaire à remplir par l’intéressé permet de réaliser un état des lieux susceptible d’orienter les praticiens dans un choix thérapeutique. L’essentiel étant de proposer des mesures de prévention, en particulier un programme d’exercice physique visant à maintenir la masse musculaire et ses différentes fonctions.

Commentaires de Bernard Pradines. Linda Fried est un vrai précurseur dans le domaine de la fragilité, mot qui est une traduction de l’anglais « frailty ». A ce jour 24 août 2021, une recherche associant « Fried » et « frailty » sur Pubmed retrouve 1326 publications. D’aucuns critiquent ce terme qui relèverait de la fragilité d’un objet susceptible de se casser alors qu’il s’agirait plutôt ici de vulnérabilité. En tout cas, le concept a fait flores du fait des soucis individuels et surtout collectifs en matière de prévention de la dépendance, c’est-à-dire de la nécessité de recours à une tierce personne pour assurer les actes de la vie quotidienne. A ne pas confondre avec l’autonomie qui introduit la notion de maîtrise sur sa propre vie. La dépendance est d’autant plus redoutée qu’elle est onéreuse pour nos sociétés qui exigent des personnes en bonne santé, aptes au travail ou à la consommation, peu consommatrice des soins issus de la solidarité collective. Or la fragilité est considérée comme une étape intermédiaire entre un vieillissement robuste et la dépendance. Mieux, elle est regardée comme réversible si des mesures adéquates sont entreprises. Enfin ce concept est relativement flou dans la mesure où des critères différents de ceux de Fried ont été proposés, en particulier autour des difficultés d’adaptation à un stress ou bien dans des situations pathologiques particulières comme les cancers.

Pour en savoir davantage. Par exemple : http://www.gerontopolesud.fr/synth%C3%A8ses-th%C3%A9matiques/d%C3%A9tection-de-la-fragilit%C3%A9

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