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J’ai toujours pratiqué l’aide active à mourir

Publié le par Bernard Pradines

J’ai toujours pratiqué l’aide active à mourir

Si l’on en croit la presse, une convention citoyenne de 184 citoyens vient d’approuver très majoritairement l’aide active à mourir[1], répondant ainsi au désir du président de la république française. Un scoop ? A 72 ans, les bras m’en tombent. A moins que je ne tombe de ma chaise ou pire de l’armoire. Car une telle décision enfonce les portes ouvertes.

Pour ma part, j’ai toujours pratiqué l’aide active à mourir en assistant au maximum, parfois difficilement, non sans reproche, quelque 1300 personnes, principalement en réanimation et en soins de longue durée. Je l’ai fait en pratiquant la médecine palliative que je connaissais au moment où j’étais amené, aux côtés d’autres soignants tels que les infirmières, à apaiser les souffrances d’un·e malade en fin de vie. Au début de ma carrière, ce fut en sédatant ou en endormant les patients qui n’avaient pas pu bénéficier des soins palliatifs que nous connaissons aujourd’hui. C’était une autre époque. Puis en affinant mes connaissances par le suivi de formations et en suivant les lois et recommandations en vigueur dont je constate si souvent à quel point elles sont méconnues et inappliquées.

A présent, beaucoup reste à faire pour généraliser et rendre opposables les soins palliatifs en France. Ce serait le noble objectif d’une nouvelle loi.

Euh… j’ai mal lu la suite : il s’agit aussi de suicide assisté, de suicide médicalement assisté et d’euthanasie. Non, donner la mort n’est pas un soin.

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Mes directives anticipées à l’heure prochaine de la mort provoquée

Publié le par Bernard Pradines

Image issue de https://www.chu-reims.fr/vous-etes/patient-ou-proche/vos-droits-et-obligations/directives-anticipees

Image issue de https://www.chu-reims.fr/vous-etes/patient-ou-proche/vos-droits-et-obligations/directives-anticipees

Chère consœur, cher confrère,

Lorsque vous lirez ces directives anticipées, je ne serai plus en état de m’entretenir avec vous et de vous soutenir dans votre difficulté pour apaiser les souffrances de celui qui va disparaître. Aujourd’hui, c’est mon tour après avoir accompagné plus de 1300 personnes en réanimation puis en gériatrie.

Ayant vérifié durant ma carrière que les soins en fin de vie sont toujours complexes et nécessitent des adaptations rapides et variées à des situations évolutives, je ne me permettrai pas de vous prescrire quelque attitude que ce soit, pas même de vous en suggérer une qui ne serait qu’hypothèse hasardeuse. Sinon que de mettre en œuvre les soins palliatifs nécessaires.

Vous entendrez les membres de l’équipe soignante qui travaillent avec vous. Vous êtes sûrement attentive ou attentif à votre formation et à celle des autres professionnels dans cet immense domaine des soins palliatifs. De même, vous n’hésiteriez pas à demander conseil à une consœur ou à un confrère si cela vous semblait nécessaire.

Je sais que vous rencontrerez et écouterez mon entourage, que vous entendrez sa souffrance qui est aussi une peine pour celui qui va s’en aller.

Je suis persuadé que vous ne tomberez dans aucune des caricatures à la mode telles que « l’obstination déraisonnable » qualifiée à tort d’acharnement thérapeutique. Que vous serez soucieuse ou soucieux d’éviter le plus fréquent des pièges qui nous sont tendus en ces temps de pénurie : l’abandon thérapeutique qui pourrait me condamner à des souffrances inutiles.

Ne prêtez pas l’oreille à ceux qui prétendent que l’on perd sa dignité quand on devient empêché de quelque manière que ce soit. Le passé de l’humanité et son présent sont emplis d’indignités du fait de personnes en excellente santé. A l’inverse, en quoi le fait d’être dépendant me rendrait-il indigne ?

Je suis convaincu que vous n’effectuerez aucun geste inconsidéré, expéditif, car la mort provoquée n’est pas dans votre mission soignante et parce que la médecine a fait d’immenses progrès depuis que cette solution était seule envisageable. Ainsi, vous n’identifieriez pas l’interruption intentionnelle de ma vie à un geste d’amour.

Je connais votre dévouement imprégné de science et d’humanité.

Je vous fais confiance pour limiter au maximum mes souffrances et celles de mon entourage.

Je vous remercie.

Actualisées au 30 décembre 2022

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