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demographie

Les USLD sont-elles des EHPAD ?

Publié le par Bernard Pradines

La confusion est grande entre ces deux types d’entités : les USLD [1] sont presque toujours des unités hospitalières ou adossées à un hôpital. 

Les EHPAD [2] sont bien moins souvent des unités adossées à un hôpital.

Environ 34 000 résident·e·s sont hébergé·es en USLD alors qu’elles et ils sont environ 550 000 en EHPAD.

Les coupes PATHOS ont montré que les patients en USLD n’étaient pas tous lourdement atteints par des pathologies (SMTI+)[3].

Mais elles ont montré aussi que les résidents hébergés en EHPAD relèvent pour une part quantitative importante des USLD (SMTI+). 

L’étude ERNEST du début des années 2000 montrait déjà que 8,99% des personnes hébergées en EHPAD, soit 51 000 résidents, auraient dû être hébergées et soignées en USLD (SMTI +). 

Bizarrement, cette donnée a été oubliée en ne retenant que les 35% des résidents présents en USLD qui relevaient de ces dernières structures en 2006. 

D’où la suppression des deux tiers de ces unités. Cherchez l'erreur. Pas de suspense toutefois car la ficelle est grosse : les ratios de personnels en USLD étaient alors d’environ 1/3 supérieurs à celui des EHPAD. Ceci ne devait sûrement n'avoir rien à voir avec cela ...

 Par ces temps de tarification à l’activité et de nécessité de rentabilité maximale, les lits de SSR[4] font défaut. Leur  vocation est un hébergement et des soins temporaires suivis d’une orientation adéquate. Les USLD sont amenées à pourvoir à ce déficit alors qu’elles sont elles-mêmes peu nombreuses pour assumer leur mission première d’hébergement et de soins à long terme.

Partout,  dans le monde des soins, manquent tous les corps de métier : en USLD, hôpitaux, EHPAD, soins à domicile, etc.

Partout aussi, les personnes âgées sont réticentes voire hostiles à être « institutionnalisées ».  

La gériatrie est devenue une modalité de gestion de l’aval des Urgences et de l’hospitalisation dans un contexte de plus en plus tendu. 

Soigner les patients est souvent parasité par la recherche de places libres ici ou là.

La démographie annoncée fera le reste.

A la retraite ou en activité, il nous incombe un devoir impérieux : soutenir nos personnels soignants et sauver nos hôpitaux.

Pour aller plus loin :


[1] USLD : Unités de Soins de Longue Durée, anciens Longs Séjours

[2] EHPAD : Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes, anciennes maisons de retraite

[3] SMTI : soins médicaux et techniques importants

[4] SSR : Soins de Suite et de Réadaptation, anciens Moyens Séjours

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De la culture familiale à celle de la collectivité

Publié le par Bernard Pradines

De la culture familiale à celle de la collectivité

Il y a peu, au début du siècle précédent, l’immense majorité des personnes âgées finissaient leur vie dans leur famille. Ce n’est plus le cas. Le développement des établissements spécialisés va croissant. Désormais, 25 % des françaises et français y meurent en 2015, tous âges confondus. Du jamais vu.

Au cours de mes dix-huit années d’exercice médical institutionnel, je fus frappé par l’attitude des proches aidants qui demeure marquée exclusivement par des considérations familiales : chacun vient plaider ou protester pour le sien, presque toujours sans vision globale des problématiques rencontrées par l’institution. L’information fournie par celle-ci peut être inexistante. Dans tous les cas, elle circule mal ou pas du tout. Alors que tous déplorent peu ou prou le coût des maisons de retraite, bien peu (aucun ?) sont au fait du budget de l’endroit. Les conseils de la vie sociale peuvent être des coquilles vides. Les candidatures ne se bousculent pas. Il n’y a que rarement une association vraiment représentative des usagers, ici composée essentiellement des familles des résidentes et des résidents. Apparaissent quelques familles particulièrement motivées, parfois dans une attitude globalement négative de rejet de leur situation propre et de celle de leur parent.

Ce qui suit est difficile à écrire. Nous sommes passés insensiblement d’une sorte d’artisanat de la famille à la catégorie du management collectif, une forme d’industrialisation de la vieillesse. Pourtant, la scène se joue encore sur le terrain du mélodrame familial, pas dans le registre du collectif. Il est vrai que cette dernière dimension n’a cessé de diminuer au cours des dernières décennies : désaffection pour l’action syndicale, défiance accrue envers la politique, réseaux associatifs en quête de bénévoles, surtout dans les secteurs de la solidarité. Place à la commercialisation des services et à la famille consommatrice.

Une note d’espoir : les mouvements de l’hiver 2018 ont su rassembler, pour la première fois, les acteurs du terrain, bien qu’encore trop timidement mobilisés : salariés, directeurs, familles, citoyens.

Il ne faut pas désespérer de l’avenir !

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