Le suicide peut-il être rationnel ?
Extrait :
"Il arrive qu’une personne âgée en bonne santé, en pleine possession de ses moyens physiques et intellectuels, déclare qu’il est temps pour elle de disparaître plutôt que de se retrouver enfermée en maison de retraite, grabataire ou clouée sur un fauteuil roulant."
Source :
Is Suicide Ever Rational? A Podcast with Meera Balasubramaniam
There is a lot of discussion about the right to die. Although most of these have to do with Physician Assisted Death (PAD). What about in those who are not dying? Do they have the same right? Well ...
https://www.geripal.org/2018/04/Is-Suicide-Ever-Rational.html
Bref résumé d’une interview du Dr Meera Balasubramaniam, psychiatre spécialisée en gériatrie, professeur de médecine à l’Université de New-York
Il arrive qu’une personne âgée en bonne santé, en pleine possession de ses moyens physiques et intellectuels, déclare qu’il est temps pour elle de disparaître plutôt que de se retrouver enfermée en maison de retraite, grabataire ou clouée sur un fauteuil roulant. Elle peut utiliser l’expression de suicide rationnel.
Ne serions-nous pas plutôt devant une anxiété, une peur devant une réalité encore hypothétique ? Un examen approfondi qui peut s’accompagner d’un traitement médical s’impose. Le poids de la solitude est écrasant. Il est important de rechercher la présence – ou l’absence – de personnes autour de cette personne âgée. Combien d’amis ont disparu ? De qui se sent-elle proche ? Elle peut être entourée d’une nombreuse famille et se sentir très seule.
Accepter l’idée qu’un suicide peut être rationnel va conduire sur un terrain glissant : le suicide assisté et l’euthanasie ne sont plus très loin. Le désir de mourir peut devenir une exigence pour ceux qui ne peuvent plus conserver leur indépendance.
D’autre part, affirmer que le suicide rationnel ne peut pas exister est illogique. Ce désir exprimé de mort peut traduire une déprime passagère ou la volonté de mettre fin à sa vie. La personne peut présenter un trouble mental. Il faut alors aller plus loin, faire preuve de curiosité. Le médecin doit donc ouvrir un dialogue. Pourquoi envisagez-vous de mourir ? Qu’est-ce que vous ne pouvez pas, ne voulez pas supporter ? Vous avez décidé d’en finir et au dernier moment vous avez hésité. Pourquoi ? « J’ai pensé à mon épouse, à mes petits-enfants ». Si par contre on vous répond « je n’ai pas en ce moment assez d’argent pour acheter une arme », la prudence s’impose.
Comment lutter contre ces tendances suicidaires en progression chez les personnes âgées ? La société se retrouve sur le banc des accusés avec la glorification systématique de la jeunesse, la représentation de la vieillesse comme une déchéance et un fardeau financier, l’absence de lutte contre la solitude. La peur d’avoir à finir sa vie dans une maison de retraite n’est pas sans fondement. Améliorer leur image suppose une très forte augmentation des crédits qui leur sont alloués …
Commentaires de Bernard Pradines :
Nous voici devant un sujet qui rejoint le débat ancien autour du syndrome de glissement qui peut être, dans certains cas, un équivalent suicidaire.
Sommes-nous devant des troubles organiques, psychopathologiques ou « adaptatifs » ? Cette dernière catégorie relève de l’adaptation à la situation sociale, économique et relationnelle. Elle pourrait se résumer à l’interrogation suivante : « A quoi suis-je utile car je suis une charge indue ? » Ce à quoi l’entourage au sens large a déjà répondu en avançant en permanence ses impératifs d’économie et de rentabilité. Ne resterait plus alors que le suicide « rationnel ».