Tri : choix, intendance et éthique
Auteur : Christian Cazottes*
Précision : il s'agit ici d'un avis personnel qui n'engage que l'auteur et non les institutions auxquelles il appartient ou participe.
Il est important de bien séparer les manières de procéder qui comprennent le refus d'hospitalisation en réanimation en lien avec le refus d'obstination thérapeutique qui n'a rien d'exceptionnel d’une part, et la récusation d'hospitaliser une personne en réanimation car il n'y a plus de place ou parce qu'elle est en concurrence avec un autre patient qui nécessite lui aussi la même prise en charge d’autre part.
Si vous décidez que les deux personnes doivent avoir une place en réanimation et que vous ne pouvez en accueillir qu'une, ce n'est pas une question de choix, c'est une question d'intendance. Il n'y a rien d'éthique au sens fort du terme dans ce pseudo-choix car chaque personne mérite cette place puisque vous l'avez évalué et que vous avez déterminé que la meilleure chose à faire pour chacune d'entre elles c'est d’être admis en réanimation. Le "bon soin" déterminé comme "bon soin" pour chacune des deux personnes est la réanimation.
Le questionnement éthique ne peut porter que sur la nécessité ou pas d'admettre cette personne en réanimation en lien avec son intérêt individuel en quantité et en qualité de vie pour elle-même. Nous revenons à la situation rencontrée habituellement du questionnement éthique sur l'obstination thérapeutique ou le traitement raisonnable.
Le problème d'intendance ne peut pas être habillé de critères éthiques pour cacher la réalité désastreuse d'un manque de moyens.
L'éthique vaut mieux que ça et ne peut pas être réduite à un cache-misère pour la protection des administrateurs du système de santé.
*Cadre de santé IADE (infirmier anesthésiste diplômé d’état)
Unité Résonance CHU Toulouse
Membre du comité d'éthique hospitalier du CHU de Toulouse