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Placements financiers honteux et actionnariat sordide

Publié le par R.

Image issue du site : https://www.studentenpolis.nl/student-en-beleggen-bijverdienen-op-een-leuke-manier/

Image issue du site : https://www.studentenpolis.nl/student-en-beleggen-bijverdienen-op-een-leuke-manier/

Certaines publicités vous allèchent en proclamant : "Saviez-vous qu'il est possible de placer votre argent à 4,25% dans l'immobilier locatif sans risque et sans souci de gestion ?"

Pour moi qui ai travaillé dans de nombreux EHPAD, je déplore cette offre de placements financiers. Savez-vous que, si vous faites ce choix de gains et bénéfices juteux, vous cautionnez :

- les réductions de budget pour des repas décents pour vos propres parents ou proches : 4 euros pour 4 repas par jour. Êtes-vous capable de faire avec pour vous-même ?

- les réductions de protections pour vos proches en cas d’incontinence ; au point que les personnels soignants en arrivent à se voler ces matériels de toilette indispensables pour les personnes âgées qu'ils "préfèrent".

- les remplissages précipités des chambres après un décès, ne garantissant même plus l'hygiène des locaux pour la personne entrante.

- les repas de gavage : cinq ou six personnes nourries en même temps soit une cuillère pour l'un, puis une cuillère pour l'autre, à la queue leu leu, sans aucun respect pour l'individu ?

Personnellement, je me garderai d'un tel choix de placement financier, ou de devenir l’actionnaire de maisons de retraite. Même si je peux avoir envie de profits de placements à 4,25%, voire plus, car certains groupes vont jusqu'à offrir des intérêts de 15%. C’est participer à la maltraitance et à l'indignité envers nos aînés et nos propres parents !

Je voudrais ajouter une nuance : retenez en mémoire que toutes les maisons de retraite ne sont pas financées par ce sordide moyen d'actionnariat. Il faut distinguer les maisons de retraite développées par de gros groupes financiers, et celles soutenues par des communes ou CCAS, ou nées de la volonté de gens (parfois familles, ou professionnels) courageux et motivés par le bien-être de nos aînés ...

Si je peux m'autoriser à conseiller les familles : la loi autorise toute famille à examiner les comptes d'une maison de retraite : répartition des choix de dépenses. Alors, demandez donc les chiffres :

- une colonne des "entrées" : ce que les familles payent pour héberger et prendre soin de leur parent.

- une colonne des "sorties" : ce que la maison de retraite doit dépenser pour prendre soin ... Vous aurez ainsi une meilleure idée des dépenses indispensables et pourrez même exiger de choisir où passe l'argent ...

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De la culture familiale à celle de la collectivité

Publié le par Bernard Pradines

De la culture familiale à celle de la collectivité

Il y a peu, au début du siècle précédent, l’immense majorité des personnes âgées finissaient leur vie dans leur famille. Ce n’est plus le cas. Le développement des établissements spécialisés va croissant. Désormais, 25 % des françaises et français y meurent en 2015, tous âges confondus. Du jamais vu.

Au cours de mes dix-huit années d’exercice médical institutionnel, je fus frappé par l’attitude des proches aidants qui demeure marquée exclusivement par des considérations familiales : chacun vient plaider ou protester pour le sien, presque toujours sans vision globale des problématiques rencontrées par l’institution. L’information fournie par celle-ci peut être inexistante. Dans tous les cas, elle circule mal ou pas du tout. Alors que tous déplorent peu ou prou le coût des maisons de retraite, bien peu (aucun ?) sont au fait du budget de l’endroit. Les conseils de la vie sociale peuvent être des coquilles vides. Les candidatures ne se bousculent pas. Il n’y a que rarement une association vraiment représentative des usagers, ici composée essentiellement des familles des résidentes et des résidents. Apparaissent quelques familles particulièrement motivées, parfois dans une attitude globalement négative de rejet de leur situation propre et de celle de leur parent.

Ce qui suit est difficile à écrire. Nous sommes passés insensiblement d’une sorte d’artisanat de la famille à la catégorie du management collectif, une forme d’industrialisation de la vieillesse. Pourtant, la scène se joue encore sur le terrain du mélodrame familial, pas dans le registre du collectif. Il est vrai que cette dernière dimension n’a cessé de diminuer au cours des dernières décennies : désaffection pour l’action syndicale, défiance accrue envers la politique, réseaux associatifs en quête de bénévoles, surtout dans les secteurs de la solidarité. Place à la commercialisation des services et à la famille consommatrice.

Une note d’espoir : les mouvements de l’hiver 2018 ont su rassembler, pour la première fois, les acteurs du terrain, bien qu’encore trop timidement mobilisés : salariés, directeurs, familles, citoyens.

Il ne faut pas désespérer de l’avenir !

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