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euthanasie

L'euthanasie et le suicide assisté réduisent-ils le nombre des suicides non assistés ?

Publié le par Bernard Pradines

Cartes issues de Wikipedia
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L'euthanasie et le suicide assisté (ESA) sont des pratiques qui visent en principe à alléger la souffrance des personnes atteintes de maladies mortelles, mais sont controversées.

Un domaine de débat est la relation entre ESA et taux de suicide dans la population, car les uns postulent que la disponibilité de l'ESA réduira le nombre de décès auto-initiés (ESA et suicide combinés). D'autres prétendent que la législation relative aux ESA rend acceptable de mettre fin à ses jours, un message en contradiction avec celui des campagnes de prévention du suicide.

La revue de la littérature scientifique de Doherty (Doherty et al, juin 2022)[1] examine la relation entre l'introduction de l'ESA d'une part et le taux de suicides non assistés et de décès auto-initiés d'autre part.

Six études remplissaient les critères d'inclusion ; quatre ont constaté des augmentations des taux globaux de décès auto-initiés et, dans certains cas, une augmentation des suicides non assistés. Cette augmentation du suicide non assisté a été la plupart du temps non significative lorsque les facteurs sociodémographiques étaient contrôlés. Des études menées en Suisse et en Oregon ont rapporté des taux élevés de décès volontaires chez les femmes âgées, ce qui correspond à des taux plus élevés de maladies dépressives dans ces Etats.

Les conclusions de cette revue ne confirment pas l'hypothèse selon laquelle l'introduction des ESA réduit les taux de suicide non assisté. L'impact disproportionné sur les femmes âgées indique des besoins non satisfaits de prévention de cette population.


[1] Doherty AM, Axe CJ, Jones DA. Investigating the relationship between euthanasia and/or assisted suicide and rates of non-assisted suicide: systematic review. BJPsych Open. 2022 Jun 3;8(4):e108.

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Fin de vie : ma contribution au débat

Publié le par Vincent Ronca, directeur d’EHPAD

GETTY IMAGES/ISTOCKPHOTO

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Je dirais aujourd'hui que jamais ce sujet n'a été aussi important depuis que la médecine a fait des progrès. Durant toute l'histoire de l'humanité, l'agonie était considérée comme un stade normal des derniers instants de la vie. Elle ne connaissait alors que deux remèdes : la mort brutale donnée par un tiers, ou bien la prière. Le premier est aujourd'hui puni par la loi et le second est en voie de disparition. Pour le grand public, la solution ne peut se trouver que dans les progrès de la médecine avec une volonté d'abréger la vie. La difficulté d’aujourd'hui, c’est qu'un grand nombre de personnes ignore que les progrès de la médecine peuvent permettre un accompagnement de l'agonie plutôt que son abrogation. 

Dans le cadre de la fin de vie, je ne parle ici que de l'agonie, et pas des autres aspects. Je pense que c'est elle qui effraie le plus aujourd'hui nos contemporains. La spiritualité permettait, lorsque les religions étaient plus répandues dans les sociétés, de mieux accepter cette phase. La sédation profonde me semble être aujourd'hui une solution qui devrait rassurer. Pourtant, d'un point de vue idéologique, il s'agit d'une demi-mesure : le malade est vivant, mais n'existerait plus. C'est une situation qui déconcerte. Particulièrement dans une société où le temps doit nécessairement être comblé par des actions. La sédation profonde peut être considérée comme une inaction, alors que l'euthanasie, non : elle est une aide « active » à mourir. C'est mal connaître le travail réalisé par l'équipe qui accompagne la sédation profonde. Je pense que c'est pour cela que l'euthanasie est autant plébiscitée : il y a de l'action et cela est visible à brève échéance. Il est aussi plus facile pour l'entourage d'entrer dans la phase de deuil.

La question aujourd'hui est donc de savoir si la médecine doit s'adapter à l'opinion publique, qui s'éloigne de la spiritualité et souhaite des actions visibles et rapides, ou bien c'est à l'opinion publique de s'informer sur les progrès de la médecine et de comprendre que le "temps long" peut être aussi source d'apaisement. Personnellement, j'aurais tendance à dire que nous devons respecter la vie et lui laisser le temps de faire son chemin.

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