Un sentiment de solitude peut avoir de graves répercussions sur la santé physique et mentale des seniors

Publié le par Louis Lacaze

Des études exposant les conséquences négatives de la solitude apparaissent régulièrement dans la presse médicale. Toutes soulignent la gravité du problème qui va en s’amplifiant avec l’allongement de l’espérance de vie. Le cercle des connaissances s’amenuise au fil des ans : les seniors assistent à trop d’enterrements, trop de départs, trop de maladies handicapantes.

Il est rappelé qu’isolement et solitude ne sont pas synonymes. Un senior peut très bien choisir de vivre seul et ne pas se sentir isolé. A l’inverse, vivre entouré de relations, être marié, ne protège pas automatiquement de la solitude. Conseiller à quelqu’un qui se sent seul de rencontrer d’autres personnes peut être une suggestion simpliste dans certains cas. Par ailleurs, à partir d’un certain âge, les seniors savent qu’ils se rapprochent de la fin de leur vie et fuient les relations superficielles pour ne s’intéresser qu’à celles qui ont un sens à leurs yeux.

La rigueur des statistiques confirme douloureusement l’impact négatif de la solitude sur la vie des seniors. Ils peuvent négliger des côtés élémentaires de leur vie quotidienne : médicaments à prendre, courses à faire, réfrigérateur à garnir, préparation des repas, toilette quotidienne.

Une étude récente de l'UCSF (University of California, San Francisco) qui a suivi 1604 participants d’âge moyen 71 ans a constaté qu’au bout de 6 ans près de 23% des seniors qui avaient déclaré se sentir isolés étaient morts, à comparer au chiffre de 14% pour les autres. Ce taux de mortalité élevé s’accompagne d’un risque accru de morbidités tels que des troubles cardiaques (Perissinotto et al, 2012) [1].

Wilson (Wilson et al, 2007) a pu aussi noter une corrélation entre le sentiment de solitude et un déficit cognitif accéléré sur une période de 4 ans progressant vers la démence  [2]. Donovan (Donovan et al, 2017) [3] retrouve ce risque à 12 ans.

Des expériences de lutte contre la solitude ont pu voir le jour aux Etats-Unis : se joindre à un groupe, une association, adopter un chien, rejoindre un groupe de personnes souffrant de solitude, expériences calquées sur les groupes d’alcooliques ou de drogués anonymes. L’analyse de ces initiatives n’a hélas pas révélé de résultats convaincants.

Sources :

[1] Perissinotto CM, Cenzer IS, Covinsky KE. Loneliness in Older Persons: A predictor of functional decline and death. Archives of internal medicine. 2012;172(14):1078-1083 :

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4383762/

[2] Wilson RS, Krueger KR, Arnold SE, Schneider JA, Kelly JF, Barnes LL, Tang Y,Bennett DA. Loneliness and risk of Alzheimer disease. Arch Gen Psychiatry. 2007 Feb;64(2):234-40.

 

[3] Donovan NJ, Wu Q, Rentz DM, Sperling RA, Marshall GA, Glymour MM. Loneliness, depression and cognitive function in older U.S. adults. Int J Geriatr Psychiatry. 2017 May;32(5):564-573.

 

Publié dans prévention, Alzheimer, solitude

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B
Au fond, ne serions-nous pas dans la pire situation ? Celle d'un pays où le bénévolat est très faible, le salariat d'aide hors de prix, l'argent menant tout et la démographie de la dépendance galopante. D'où le succès des idées de Madame Jencquel : quittons cette vallée de larmes. Il y aura fort à faire pour renverser la vapeur.Allons-y !
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R
La solitude a des conséquences psychologiques, mais aussi très pratiques : car en vieillissant il y a de plus en plus de choses que l'on ne peut faire seul.<br /> Or les aides sont toutes payantes, comment faire si l'on a de petites ressources qui permettent à peine de payer son toit et sa nourriture ?!<br /> <br /> Le minimum vieillesse ne cesse de se réduire, et les aides sociales deviennent inexistantes. Où passe donc tout cet argent, déclaré servir au "social" ??? Je le crains, à une minorité qui se sert au passage ...
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