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histoire

L’engouement pour la mort assistée (5) : des préoccupations économiques

Publié le par Bernard Pradines

Image issue du site : https://www.actu-economie.com/2018/10/13/leconomie-francaise-pourrait-connaitre-un-rebond-important/

Image issue du site : https://www.actu-economie.com/2018/10/13/leconomie-francaise-pourrait-connaitre-un-rebond-important/

La fin de la vie demeure une période onéreuse. Elle l’est au plan de la dépendance dont la prise en charge est inlassablement évoquée comme un poids sur les collectivités territoriales. Elle l’est au plan des soins qui deviennent presque toujours nécessaires.

Le récent débat sur les retraites accentue ce vécu de « fardeau » car l’allongement de la durée du travail est mis en regard de l’accroissement de la durée de la vie et, pire, avec celui d’une meilleure dotation de la dépendance des personnes âgées. Autrement dit, de facto, les vieux seront la cause de mon maintien au travail au-delà de l’âge de l’espérance de vie sans incapacité. Bonjour l’ambiance à l’avenir entre jeunes et vieux. J’oserai aussi le dire, entre soignants et soignés.

Evacuer ces aspects, les cliver, les distinguer en s’enfermant dans un débat purement éthique, c’est ignorer que le sort des individus, que nos pensées et nos sentiments sont liés aux nécessités collectives du moment. Affirmer que l’accompagnement ou les modalités de la fin de la vie appartiennent au seul mystère de la personne concernée, que ceci n’est qu’affaire personnelle et intime, c’est passer à côté d’un aspect déterminant de la culture : la représentation qu’une société donnée se fait de la fin de la vie à un temps donné. Et du comportement qui en découle.

Aussi, si l’économie n’est pas le seul élément à prendre en compte, l’aspect de charge indue combiné à l’absence de productivité de l’individu malade font courir un risque : celui d’une meilleure acceptation des mesures expéditives et radicales qui seraient offertes à la personne souffrante. Elles sont présentées comme une liberté individuelle, comme une émancipation. A vous de juger.

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André

Publié le par Bernard Pradines

Montaliès (Est-Aveyron). Fontaine sur le Causse de Séverac avec lavoir et abreuvoir

Montaliès (Est-Aveyron). Fontaine sur le Causse de Séverac avec lavoir et abreuvoir

André est né en 1929. Il est une de mes rencontres lors de mes courtes randonnées pédestres. Je l’ai connu assis devant sa vieille maison de pierre, là-haut dans un hameau aveyronnais qui jouxte le département de la Lozère.

Il est une mémoire de ce temps qui disparait peu à peu. Celui d’un monde différent, marqué par un conflit que l’on ne parviendra pas à oublier. Il est le témoin de son temps, de celles et de ceux qui le vivaient.

Il  est entré en EHPAD en décembre dernier, il y a sept mois. Pour ma part, je garde de mon expérience professionnelle la priorité des visites dans les désirs et attentes des résidents*. André ne sait pas que je vais lui rendre visite. Cette fois, il est assis dans le hall vitré d’entrée de l’établissement, mais reste toujours tourné vers l’extérieur. Je salue les blouses blanches sans que mon bonjour ne reçoive d’écho. Il n’a pas voulu assister à l‘animation dont il pense qu’elle ne le concerne pas.  Pénétrant dans l’édifice, je l’aperçois sans le reconnaitre avant de m’être adressé à lui en citant son nom. Arrivant masqué et de manière inattendue,  je suis aussi un étranger pour lui. Puis je me présente à lui. La surprise est considérable. Ses yeux deviennent humides. Nous échangeons pendant une demi-heure, surtout autour de ce temps que je n’ai pas connu. Je repars en promettant de revenir sans préciser de date.

Une bonne action, direz-vous, que votre serviteur prend plaisir à raconter. Il y a toutefois un aspect moins satisfaisant. Non, on ne me rejeta pas, on ne me reprocha pas d’être là. Mais on ne comprit pas que je pouvais souffrir de lombalgies en position debout statique prolongée. Surtout, on n’imagina pas que je dusse me placer à hauteur convenable de mon interlocuteur pour entretenir un dialogue d’égal à égal avec lui. Tout au long de ma visite, personne ne me salua, ne me proposa un siège.

Personnels d’EHPAD, je vous entends murmurer : nous sommes peu nombreux, nous n’avons pas le temps. Euh, en l’occurrence, je ne pense pas que ceci soit la vraie raison. L’habitude des situations professionnelles difficiles est probablement trop grande chez moi. Non, je vous renvoie à mon court « plaidoyer pour une chaise » rédigé en 2013.

 

*https://www.geriatrie-albi.com/desirsPA0904.htm

 

 

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