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Si on parlait de la fin de vie…

Publié le par Marie-Christine Montandon

Image issue de : https://lessoinsdesophie.be/soins-palliatifs/

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Marie-Christine Montandon, auteure de ce texte, est une infirmière en début de retraite

Madame est en fin de vie. Son état s'est aggravé ces derniers jours et cette fois, les choses s'accélèrent. Ainsi, vers midi, nous appelons la personne référente pour signaler que nous pressentons une fin proche. A 96 ans, on peut dire que c'est une battante. Selon l'expression consacrée, elle est dure à la douleur, mais ces derniers jours, les mobilisations sont devenues douloureuses au point de provoquer des grimaces, des mouvements d'évitement et des réactions d'agressivité verbale et physique. Suite à la mise en place d'antalgiques, Madame est, dorénavant, bien soulagée.

Après des soins d'hygiène et de confort, nous l'installons confortablement, des oreillers bien calés dans le dos, en position demi-assise. Nous terminons par le brossage de ses cheveux que nous relevons en chignon puis, nous appliquons un léger trait de rouge sur ses lèvres afin de redonner un peu de couleur à son visage émacié. Un voile de parfum et un joli foulard noué autour de son cou l'invitent à esquisser un sourire. Nous attendons l'arrivée de ses enfants. Les sept arrivent, ensemble. Nous décidons d'autoriser la présence de toute la fratrie. Ils entrent par une porte dérobée de l'Ehpad, située à proximité de la chambre, sans perturber le fonctionnement du service. Dans la chambre exiguë, nous apportons des chaises ainsi que quelques boissons et petits gâteaux, avant de quitter l'intimité des lieux.

Environ une heure après, nous retournons chez Madame, afin de nous enquérir de son état. Dès notre entrée, elle nous invite à partager un moment de convivialité. Elle nous incite à nous servir sur le plateau que nous avons posé sur la petite table. Au travers de ses mots, nous retrouvons son authenticité et sa singularité. Pourtant proche du départ, elle reste la femme qui a toujours aimé recevoir et faire plaisir, à ses enfants et ses hôtes, celle pour qui la cuisine a été et reste une passion. Durant les quelques années dans l'institution, elle s'est ainsi démarquée, proposant régulièrement son aide pour mettre le couvert et se portant toujours volontaire pour mettre la main à la pâte et préparer des pâtisseries, lors des animations culinaires. En ce dernier jour de vie, à cet instant précis, elle règne en maîtresse de maison, dans cette chambre pourtant impersonnelle mais qu'elle a investie. Elle semble heureuse au milieu de ses enfants. Son visage est marqué par un large sourire rivé à ses lèvres et une lueur dans son regard.

Quelques heures plus tard, alors que ses fils auront quitté la chambre et que seule sa fille sera restée à son chevet, dans l'apaisement, Madame rendra son dernier souffle tandis que ses paupières viendront recouvrir ce regard pour l'éternité.

Publié dans actualité, dignité, fin de vie

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L’engouement pour la mort assistée (7) : une définition philosophique de la dignité

Publié le par Bernard Pradines

Image issue du site : https://adequationsante.com/la-dignite-a-lepreuve-de-la-realite-avant-de-respecter-celle-des-patients-plongeons-dans-ses-delicates-interpretations/

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Le débat philosophique demeure vif autour du concept de dignité. L’éthique soignante courante, il faudrait dire la morale car il s’agit d’un principe général, adhère au philosophe Kant qui fait de la dignité un attribut consubstantiel de l’être humain. Autrement dit, nous ne pourrons jamais perdre notre dignité ontologique, quelles que soient les circonstances. Cette affirmation qui sonne comme performative est censée appeler un respect inconditionnel de la dignité de la personne soignée.

Le terme est même revendiqué par ceux qui se regroupent dans l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) mais il l’est aussi par celles et ceux qui sont en désaccord avec cette association.

Pour ma part, je doute d’une telle idéalisation de la dignité. J’ai déjà eu l’occasion d’exposer ici mes réticences philosophiques nées de mon éducation et renforcées par mon expérience de gériatre en soins de longue durée. Ce ne sont pas des œuvres comme « la Ballade de Narayama » ou « Plan 75 » qui m’encourageront à modifier mon appréciation dans ce domaine.

Et si la dignité était aussi fragile que les personnes dont on la voudrait indissociable ? Autrement dit, nous serions totalement responsables du respect d’autrui par la dignité que nous lui conférons. Et non par celle qu’il conservera quoiqu’il lui advienne. A vous de débattre.

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