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Le temps d’avoir raison

Publié le par Bernard Pradines

Image issue du site suivant : https://www.capgeris.com/pros-1403/rapport-parlementaire-sur-les-ehpad-a41227.htm

Image issue du site suivant : https://www.capgeris.com/pros-1403/rapport-parlementaire-sur-les-ehpad-a41227.htm

Au début des années 2000, il fut décidé de supprimer les services de soins de longue durée en France. Des gériatres, dont je fus, s’opposèrent vigoureusement à cette « réforme » qui ne reposait sur aucun argument autre que des soucis d’économie. Ces services, généralement hospitaliers,  devenus plus tard des USLD, furent finalement réduits à 30% de leur capacité initiale.

En mars 2018, deux députées, l’une de la majorité et l’autre  de l’opposition, dressent le  constat ci-dessous. Il s’agit d’extraits de leur rapport parlementaire.

Faut-il en rire ou en pleurer ?

Intégralité du rapport :

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Lucile*

Publié le par Bernard Pradines

Me voici le 11 novembre 2018 dans le village qui a vu nombre de mes ancêtres vivre et s’y succéder. Lors de la cérémonie du centenaire de la fin du carnage de 1914 à 1918, je m’enquiers de Lucile dont je sais qu’elle est désormais en EHPAD. J’envisage de lui rendre visite. Pour moi, il ne fait aucun doute que l’un ou l’autre des villageois présents connait sa résidence dont chacun sait qu’elle se situe dorénavant dans une petite ville proche. Je n’imagine pas qu’une personne appréciée de tous, qui a tenu un restaurant réputé, activité devenue rare dans nos petites communes, pourrait être ignorée quant à son lieu de séjour, ce qui signifierait l’absence de déplacement de quiconque auprès d’elle. Déception : personne n’est au courant. Il m’est conseillé de m’adresser à l’un ou l’autre des deux EHPAD. Ce que je fais. Manque de chance, je tombe d’abord sur celui où Lucile ne se trouve pas.

Je me dirige alors vers le second, non sans m’être trompé de rue sur les indications floues fournies dans le premier EHPAD. Là, il faut d’abord pouvoir entrer dans le bâtiment. Ce qui n’est pas simple à l’heure des digicodes. Heureusement, une résidente qui profite du soleil à l’extérieur du bâtiment vient à mon secours. Une fois à l’intérieur, la recherche n’est pas terminée. Je parcours tous les étages sans âme qui vive susceptible de me renseigner et … sans succès. Enfin, une des trois salariées présentes à cette heure en ce jour férié m’indique le lieu correct où se trouve la résidente. Lucile ne me reconnait pas mais se souvient bien de ma mère. A plusieurs reprises, elle me prend les mains dans ses mains. Elle se confie longuement. Elle me parle du grand malheur de sa vie : la perte d’un fils, un de mes copains d’enfance. Elle me dit qu’elle voudrait bien des visites courtes. J’entends qu’elle ne peut plus s’engager dans des conversations qui trahiraient ses troubles mnésiques sévères. Pourtant, quand je dois repartir, un voile de déception traverse son regard.

Je m’éloigne en me demandant une fois de plus comment nous en sommes arrivés là. Comment transmettre ce message de bon sens : ne les oublions pas !

*Prénom modifié

Publié dans EHPAD, isolement

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