La maltraitance, un mal trop caché
Aux Etats-Unis le Centre National de lutte contre la maltraitance des personnes âgées a donné une définition de la maltraitance : tout comportement par un soignant ou tout autre personne qui, en pleine conscience, volontairement ou par négligence fait du mal ou risque de faire du mal à un adulte en situation de faiblesse, un adulte âgé ou handicapé qui voit sa vulnérabilité augmentée.
L’ignorance des besoins essentiels d’une personne est une forme de maltraitance. Une maltraitance peut être d’ordre psychologique, physique, sexuel, financier. L’absence de réaction devant une personne qui refuse de se prendre en charge est aussi une forme de maltraitance. Ce comportement se rencontre souvent chez les personnes dépressives, atteintes de déficit cognitif, alcooliques ou consommatrices de drogues.
Dans certains états, dont la Californie, rompre toute relation avec une personne âgée, la déplacer de force sont punissables par la loi.
Situations particulièrement à risque :
- les personnes au langage agressif ou susceptibles de se livrer à une agression physique. Si le soignant est surmené, irrité, le risque est accru.
- la maltraitance d’ordre financier est insidieuse, parce que la personne exploitée sent qu’elle a été naïve et préfère se taire. Il est bon de surveiller les sollicitations téléphoniques ou par courrier ainsi que les mouvements inhabituels sur les comptes bancaires.
Dans la majorité des cas les maltraitants sont des membres de la famille : 90 % des maltraitants sont des membres de la famille, de tous âges, de tous milieux sociaux, qui se sentent isolés, surmenés, inaptes à assurer la nouvelle charge de travail. Se préparer à gérer les handicaps d’une personne âgée est indispensable avec un regard sur les finances, factures, et l’ensemble des dossiers courants (assurances, abonnements etc.). Ne pas hésiter à faire appel à une aide professionnelle quand la charge de travail devient insurmontable.
La maltraitance est une atteinte à la vie des victimes.
Beaucoup perdent leurs économies, leur dignité, le droit de vieillir paisiblement et le risque de décès prématuré est augmenté. Lutter contre la maltraitance exige de tous une vigilance discrète et le recours à une intervention extérieure, le médecin traitant risque de devoir intervenir avec tact et énergie…
Sources
L’association Caring. Com qui s’est appuyée sur les publications suivantes :
1. Wiglesworth A, Mosqueda L, Mulnard R, Liao S, Gibbs L, Fitzgerald W. Screening for abuse and neglect of people with dementia. Journal of the American Geriatrics Society. 2010; 58(3):493-500.http://dx.doi.org/10.1111/j.1532-5415.2010.02737.
2. Acierno R, Hernandez MA, Amstadter AB, Resnick HS, Steve K, Muzzy W et al. Prevalence and correlates of emotional, physical, sexual, and financial abuse and potential neglect in the United States: The national elder mistreatment study. American Journal of Public Health. 2010; 100(2):292-297.
3. NEAIS 1998 National Center on Elder Abuse, Westat, Inc. The national elder abuse incidence study: Final report. Washington D.C., 1998.
4. Lachs MS, Williams CS, O'Brien S, Pillemer KA, Charlson ME. The mortality of elder mistreatment. Journal of the American Medical Association. 1998; 280(5):428-432.http://dx.doi.org/10.1001/jama.280.5.428.