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387 résultats pour “patient idéal

Covid-19, le grand délire des consultations

Publié le par Louis Lacaze

Covid-19, le grand délire des consultations

Tous les médecins ont eu l’occasion de rencontrer des patients gravement contaminés par une mésinformation relative à leur pathologie recueillie dans une presse recherchant le scoop ou sur les forums de sites grand public de vulgarisation d'information médicale.

Brian Southwell, docteur en sciences de communication, anime un atelier dans une université de médecine en Caroline du Nord pour former les étudiants à réagir efficacement face à ces situations.

La diffusion de mésinformations n’a rien de nouveau mais a pris de vastes proportions avec la puissance des médias actuels. Elle répond à la fois à un besoin de découvrir la vérité et de rejoindre un groupe renforçant des certitudes. Si elle suggère un apport de bien-être ou de bonne santé, elle va retenir l’attention et déclencher un désir de la partager[1] en participant à sa diffusion. L’apport d’une touche de surprise, d’originalité, va faciliter sa propagation avec une liberté totale, bien éloignée des comités de lecture des grands journaux médicaux.

Le public recherche un moyen facile de se sécuriser et de rationaliser un évènement préoccupant. Le médecin évitera de se focaliser sur la fausse information et reconnaitra que nous sommes tous vulnérables en ce domaine à des degrés divers. Plutôt que de ridiculiser son patient pour sa naïveté il est préférable de lui demander pourquoi il a retenu cette information, ce qui peut permettre d’ouvrir une voie vers une information plus rationnelle. Comment a-t-il appris la chose ? Que penser de la source ?

Le patient n’est pas venu rencontrer son médecin pour le mettre face à son incompétence mais pour profiter de son expertise. Il doit découvrir par lui-même qu’il se peut qu’il ait tort et non pas se l’entendre dire. La consultation n’apportera peut-être pas une correction immédiate de l’information erronée mais une graine de réflexion aura été semée.

Y croyez-vous ?

Commentaire de Bernard Pradines : difficile de s’y retrouver en ce moment pour qui, même médecin, n’est pas expert dans le domaine considéré ; sans compter les difficultés pour comprendre les études cliniques et surtout l’interprétation de leurs résultats. Méthodologie et statistiques sont devenues si complexes qu’elles doivent bénéficier d’une vulgarisation, y compris dans le milieu professionnel. Ajoutons-y le fait que les données correctement interprétées peuvent être négligées lors des décisions politiques qui tiennent compte d’autres facteurs, eux aussi complexes. Ainsi, la frontière peut sembler floue entre ce que Louis Lacaze nous rapporte comme des mésinformations d’une part et une science qui avance à tâtons d’autre part. Une des suspicions peut porter sur les trop grandes certitudes dans un contexte mouvant. Surtout, la notion de source fiable évoquée ci-dessus demeure un fil conducteur à ne pas perdre de vue.

Source : 

Jennifer Abbasi JAMA. COVID-19 Conspiracies and Beyond: How Physicians Can Deal With Patients’ Misinformation


[1] Le mot « partager » est un anglicisme découlant du verbe « to share ». En fait, il s’agit ici de transmission et non de partage dans le sens habituel du terme. En effet, c’est la totalité de « l’information » qui est communiquée et non une partie.

Publié dans Covid-19, Internet

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Transfert de la prise de décision dans une situation de fin de vie

Publié le par Louis Lacaze

Transfert de la prise de décision dans une situation de fin de vie

Aux préceptes bien connus d’Hippocrate est venu s’ajouter le respect de l’autonomie de la personne. La difficulté se fait jour lorsque celle-ci n’est plus en mesure de prendre elle-même des décisions. Devant un cas de démence évoluée, interroger la personne de confiance -si elle a été désignée- ou les membres de la famille qui n’ont souvent jamais imaginé pareille situation peut se révéler extrêmement difficile pour le personnel soignant chargé de concilier ce que le patient aurait désiré faire et où se trouve son intérêt tel qu’il est conçu par son entourage familial et professionnel de soins.

Les approches peuvent montrer des nuances selon les pays. En Grande-Bretagne le médecin définit l’intérêt du malade puis prend les décisions correspondantes. Pour lui comme pour le médecin français, prescrire des traitements disproportionnés à un dément serait à la fois totalement contraire à l’éthique et à l’intérêt du malade. Des médecins américains interrogés ont été moins catégoriques. A la question : « Proposeriez vous un traitement qui risque d’être inefficace ou proposeriez-vous un traitement certainement inefficace mais qui aurait été choisi par le patient ? » Ils ont répondu qu’ils devraient d’abord vérifier l’avis exprimé, que passer outre l’expression de la volonté du patient serait contraire à l’éthique.

Définir des directives anticipées susceptibles d’être suivies en toutes circonstances sans être passe-partout peut paraître un vœu pieux. Si certaines personnes peuvent exprimer un certain nombre de valeurs pérennes, il leur est fréquent de changer d’avis si les circonstances se modifient. Un pas dans la bonne direction serait d’avoir de longues conversations avec le patient pour découvrir ce qui a de l’importance pour lui, quelles sont ses craintes, aborder le sujet avec sa famille et aboutir à des directives anticipées plus réfléchies sans pour autant être gravées dans le marbre. Encore faudrait-il que suffisamment de personnel soignant soit disponible pour s’atteler à la tâche.

Commentaires de Bernard Pradines. Le dernier paragraphe de ce texte est d’une importance capitale. Comment concevoir l’élaboration de directives anticipées de novo chez une personne qui vient de rentrer en établissement sans qu’une confiance se soit établie, ce qui demande du temps et de la patience, donc du personnel formé ou un médecin disponible (rires) ? Sans compter la pression exercée par l’entourage familial pour que ce sujet ne soit pas abordé tant il est vécu comme punitif à son égard : on fait dire à maman comment elle veut mourir car nous l’avons abandonnée à l’EHPAD, c’est de la maltraitance. La quête de l’établissement et des soignants est d’abord d’être rassurés quant à leur conduite à tenir à la fin de la vie ; ceci afin de se protéger de tout reproche, y compris devant la loi, en particulier de celui d’acharnement thérapeutique. Mais ceci ne peut jamais justifier, à mes yeux, une pression contre le principal mécanisme de défense individuel et collectif contre notre finitude : le déni.

Source :

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