Thérapies non-médicamenteuses ou polymédication : un faux débat ?
Les thérapeutiques non-médicamenteuses, en particulier dans la maladie d'Alzheimer ou troubles apparentés, nécessitent à juste titre un développement, en particulier dans la perspective d’une réduction des médicaments et des contentions.
Chacun est désormais conscient des risques de la polymédication chez les personnes âgées. Bien sûr, les grandes questions sont de poser les bonnes indications des traitements médicamenteux, de diminuer le nombre, les doses et les interférences entre substances, enfin de reconnaître au plus tôt leurs effets indésirables (EIM). La plus grande difficulté réside dans la polypathologie qui appelle une réponse impliquant plusieurs substances médicamenteuses.
Des efforts sont actuellement réalisés, en particulier dans la moindre prescription des neuroleptiques face aux « troubles du comportement ».
Contrairement à une idée reçue, je pense que les médecins sont parfaitement conscients de cette situation.
De nombreuses embûches viennent empêcher une évolution favorable :
- certes l’absence de réactualisation des connaissances dans le maniement des médicaments pouvant faire parfois défaut,
- souvent l’indisponibilité ou le refus de solutions de répit par les aidants épuisés réclamant tout particulièrement de « calmer » le malade ou encore de le « faire dormir »,
- l’indigence du nombre des personnels en établissements pouvant empêcher l’initiation de pratiques relationnelles ou d’accompagnement trop vite remplacées par un médicament tranquillisant ou même une contention.
- surtout l’absence de disponibilité locale des thérapies non-médicamenteuses telles que l’art thérapie, la musicothérapie, les ateliers autobiographiques, les jardins thérapeutiques ou l’orthophonie.
De plus, les thérapies non-médicamenteuses peinent à démontrer leur efficience désormais fondée sur la preuve («evidence based medicine»).
Mais, comme l’écrit Jacques Gaucher, « les indicateurs de mesure de l'efficacité des thérapies non médicamenteuses restent à construire »* car il n’est pas possible d’appliquer la même méthodologie bien rodée d’étude des médicaments (par exemple contre placebo, en double aveugle, etc .).
Ce n’est donc pas une raison pour les rejeter au profit des médicaments mais en défaveur du malade.