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Refus de la nutrition et de l’hydratation en fin de vie

Publié le par Louis Lacaze

Tim Quill,  médecin spécialiste en soins palliatifs et de bioéthique, ancien président de l’Académie américaine des soins palliatifs, est interviewé par deux confrères administrateurs du blog Geripal

 

Un praticien rencontre des patients qui lui posent la question suivante : « Je sais que je vais mourir, je ne suis pas sûr de pouvoir continuer à souffrir comme je souffre, je ne supporte plus d’attendre, quelles sont mes options ? »

Très souvent les patients se placent sur un plan purement théorique mais de temps à autres ils exigent une réponse précise, veulent connaitre les différentes options autorisées par la loi. Le refus de s’alimenter et de s’hydrater peut faire partie des options présentées.

Certaines personnes peuvent donc décider de leur plein gré de cesser de boire et de manger pour hâter leur décès qui surviendra en général une semaine ou deux plus tard selon leur état général et la stricte application de leur décision car s’abstenir de boire est particulièrement pénible. Le patient peut s’humecter les lèvres, s’humidifier la bouche mais devra faire un gros effort de volonté pour recracher le liquide. S’abstenir de manger par contre ne réclame pas d’effort particulier, la perte de l’appétit se manifestant rapidement.

La première phase permet d’organiser son départ, de prendre ses dernières décisions, de faire ses adieux. La situation devient ensuite plus délicate quand fréquemment s’installe une phase de délire. Le patient doit donc avoir prévu d’avance cette éventualité avec sa famille, le spécialiste en soins palliatifs, éventuellement l’intervention d’un psychiatre. On peut permettre à un patient de s’hydrater à nouveau pour se le voir reproché lorsqu’il a retrouvé un bon état mental. Certains ont pu faire plusieurs tentatives avant d’en conduire une à son terme. Proposer une règle de conduite rigide en ce domaine ne parait pas envisageable. Il reste naturellement le recours à la sédation. Légère, elle n’abrège pas la vie. Lourde, elle peut légèrement hâter le décès.    

En conclusion les auteurs sont confrontés à différentes attitudes. Ils sont opposés à l’apport d’une aide active et volontaire pour terminer la vie, mais sont moins hostiles à une décision d’accompagner un patient qui refuse de s’alimenter et de s’hydrater ; pourtant, il leur semble plus facile de respecter la décision d’un refus d’alimentation par sonde.

Commentaire de Bernard Pradines : nous sommes, chez l'auteur, aux USA. L’abstention de boisson dans un contexte de soif est inhabituelle à la fin de la vie. Je n’ai jamais observé la soif chez les quelques 1100 patients décédés dans mon service en 18 ans et demi. Il est vrai que l’auteur évoque ci-dessus une attitude volontaire dans une situation précise.

A propos de la faim et de la soif, on se reportera au texte de la SFAP (Société Française d'Accompagnement et de soins Palliatifs) :

http://www.sfap.org/system/files/il-va-mourir-faim-rev2012.pdf

Autre : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/jgs.15200

 Source de l'article ci-dessus :

 

On pourra aussi visiter quatre textes :

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Suicide assisté et euthanasie : un progrès de l’humanité ?

Publié le par Bernard Pradines

Extrait de la bande annonce de "la ballade de Narayama"

Extrait de la bande annonce de "la ballade de Narayama"

Une question d’actualité : la législation récente relative à la fin de la vie en Belgique, au Pays-Bas, au Luxembourg et en Suisse est-elle une avancée progressiste dans l’histoire de l’humanité ? Les méthodes d’assistance au suicide ou d’euthanasie sont souvent présentées comme des solutions modernes pour soulager la souffrance des personnes et de leur entourage dans les situations pénibles en fin de vie.

Qui peut ignorer ces affirmations et les multiples sous-entendus perçus ici ou là ?

Avec son merveilleux film « la ballade de Narayama », Shohei Imamura vient nous rappeler en 1983 que les personnes âgées furent longtemps « suicidées » de gré ou de force au Japon. Il n’est pas le seul à nous évoquer un tel passé. Le rire sardonique tient son étymologie d’un symptôme provoqué par un poison sarde accompagnant la mise à mort des vieux inutiles par précipitation ou par le fait d’être battus à cette fin. Et je ne vous parlerai pas de la banquise et du cocotier.

Rappelons un extrait de texte que nous avons relayé en 2016 sur ce blog[1] :

« Dans son magnifique livre La carte et le territoire, l’écrivain français Michel Houellebecq a mis en scène ce que deviendra probablement un jour l’euthanasie.

Les critères pour y avoir droit s’assoupliront peu à peu.

L’individu qui ne tolère jamais qu’on lui dicte sa conduite de quelque manière dira que c’est son droit fondamental d’en finir quand il veut avec la vie, et encore plus s’il a les moyens de s’offrir ce «soin».

Houellebecq imaginait alors qu’on assistera de plus en plus à des suicides par lassitude. La vie, à un certain stade, devient ennuyante.

On compte les jours. Et on se dit: pourquoi ne pas en finir avant d’en venir à uriner involontairement dans sa couche?

Si nous en arrivons là, l’euthanasie aura beau être maquillée en droit de mourir dans la dignité, elle révélera ce qui est peut-être son vrai visage: une forme de barbarie déguisée en humanisme médical. »

« La vie, à un certain stade, devient ennuyante » nous dit Mathieu Bock-Coté. Oui, mais elle est surtout solitaire. Le poids des ans est souvent bien moindre que le sentiment d’être une charge, un fardeau inutile qui ne produit rien et coûte cher.

Techniques mise à part, les méthodes expéditives sont un pur produit du passé, réactionnaires et non progressistes. 


[1] Mathieu Bock-Coté. Faut-il suicider les vieux ? http://free.geriatrics.overblog.com/2016/09/faut-il-suicider-les-vieux.html

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