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Le réapprentissage de l’écoute

Publié le par Louis Lacaze

Le réapprentissage de l’écoute
Le réapprentissage de l’écoute

Contrairement à l’usage, les commentaires de l’article du New-York Times sont placés ici en tête d’article.

La médecine s’est hyperspécialisée. Le médecin risque de voir un œil, un cœur, mais de ne plus voir la personne. Certains soins médicaux sont devenus du travail à la chaine comme à l’usine. Que le médecin généraliste soit moins bien payé illustre bien cette inversion des valeurs.

Le médecin me prend pour un demeuré. Il ne sait rien de moi, m’expose pendant 90% de la durée de la consultation des choses que je sais déjà et si je l’interromps, il est contrarié.

La formation initiale des médecins accorde de plus en plus de place aux cours de médecine narrative, aux techniques d’un entretien.  L’idée n’est pas neuve. Les médecins de famille sont-ils une espèce survivante ? Ils traitaient plusieurs générations et savaient pratiquement tout de leur vie. L’usage s’est perdu parce que nous connaissons les questions à poser : nous avons une checklist des symptômes. Pourtant  nous avons devant nous un être humain et non une collection de symptômes.

Etablir une relation authentique patient-médecin n’exige pas de longs entretiens. Elle peut s’envisager avec des contacts à distance, avec Zoom par exemple, pour garder le contact avec un patient vulnérable. Les deux participants sont à égalité, l’écoute attentive, le débit plus lent. Un médecin a pu établir un meilleur contact avec une patiente irascible après l’avoir photographiée cramponnée à la rampe d’un escalier à la fin de sa visite. Elle a compris qu’elle avait de l’importance à ses yeux et son comportement s’en est trouvé modifié. En s’exprimant librement auprès de son médecin le patient s’implique personnellement dans le traitement.

Des hôpitaux américains rétribuent des écrivains professionnels qui rédigent une biographie des patients qui est ensuite jointe au dossier médical. D’autres établissements prévoient un entretien avec le patient avant que ne soit abordée la partie clinique.

Des études ont montré que des patients souffrant de douleurs chroniques étaient soulagés avec l’intervention de la médecine narrative et avaient une plus haute opinion de leur médecin. De leur côté les médecins qui leur demandaient de s’exprimer étaient plus satisfaits de leur vie professionnelle et moins sujets aux cas de burnout, fréquents pendant les vagues majeures de la Covid-19.

L’article du New-York Times se termine par la mise en garde d’un praticien : les médecins peuvent être remplacés par des ordinateurs s’ils pensent que leur rôle se limite à distribuer des médicaments. Si nous ne voulons pas allonger  la liste des espèces disparues, nous devons établir une relation dynamique avec nos patients en replaçant les symptômes dans l’univers de leur vie.

Commentaires de Bernard Pradines. La situation actuelle de pénurie en médecins dans nombre de pays dits développés conditionne aussi l’écoute souhaitée. Règle non écrite dans certains endroits, non étudiée, non publiée, si on limite  la consultation à 15 minutes et à une seule plainte, il parait difficile d’avoir toujours un entretien dont le patient ressortira satisfait. Ainsi, l’exercice de la médecine est-il  déterminé par les conditions réelles à un moment donné. Cette publication a le mérite de nous rappeler ce qui devrait être constant à défaut de l’être. En France, les généralistes souffrent d’un déficit d’image au profit de celle des spécialistes, bien des patients attendant de leur généraliste qu’ils les confient au… spécialiste. Par ailleurs, les généralistes  peuvent redouter l’arrivée d’infirmières ayant des prérogatives élargies.  Ainsi peuvent-ils se sentir « coincés»  entre deux catégories d’intervenants. Ceci les amènerait à une pratique redoutée de simple prestation de service dont la rédaction de certificats médicaux qu’il convient de ne pas refuser à des personnes de plus en plus pressantes.

 Source :

Publié dans médecin, médecine

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Bien Vieillir Ensemble en Bretagne : un constat et un plaidoyer

Publié le par Bernard Pradines

Bien Vieillir Ensemble en Bretagne : un constat et un plaidoyer
Bien Vieillir Ensemble en Bretagne : un constat et un plaidoyer

Au cours de ma carrière de gériatre et actuellement en « retraite », combien de propositions me sont-elles faites pour  venir dialoguer sur le thème de « comment bien vieillir ? ».

Lors de ces multiples conférences-débats, je suis impressionné par la quête d’une dimension positive qui ignorerait la réalité à laquelle nous devons faire face. Un peu comme si la vérité devait céder le pas systématiquement à la réassurance souhaitée par les auditoires. Comme s’il existait des « trucs » pour bien vieillir. Comme si, un comble, ceci pouvait relever du « pratico-pratique ». Comme si les protocoles, les algorithmes,  l’acquisition d’un manuel du bien vieillir pouvait procurer le bonheur recherché !

Pourtant, comment rassurer quiconque en ignorant le côté sombre de cette génération âgée ? Comme l’on  pourrait ignorer le harcèlement à l’école ou au travail dans les autres générations.

C’est pourquoi, je souscris pleinement au texte ci-dessous de la lettre ouverte adressée par l’association « Bien Vieillir Ensemble en Bretagne »  au nouveau ministre de la Santé.

Publié dans politique

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