Que proposer au cours d’un deuil prolongé ?
Le chagrin est un désir, un besoin impérieux de retrouver quelqu’un ou quelque chose qu’on a perdu et qui reste toujours un élément essentiel de votre existence. Il peut même être recherché pour lutter contre le risque d’oublier la personne disparue. Le stade de l’incrédulité est suivi par un état de choc, d’insensibilité, le désir de la retrouver, un sentiment de colère devant l’injustice du sort pour enfin accéder à une acceptation. L’évolution du processus peut varier selon les personnes. Au bout d’une année, un groupe de 4% peut rester enfermé dans une grande souffrance, s’isoler, avoir des idées suicidaires.
Un entourage bien intentionné peut tenter d‘apporter une aide en faisant remarquer que le temps finit par effacer la douleur de l’absence, que d’autres personnes sont plus à plaindre… Ce raisonnement intellectuel reste totalement inefficace. Il doit éviter de poser la question : « Comment vas-tu ? » mais plutôt celle-ci : « Tu arrives à te concentrer aujourd’hui ?» qui pourra conduire à une réponse plus significative. La violence de « descend de ta croix, on a besoin du bois » [1]traduit une exaspération parfois compréhensible mais inexcusablement maladroite. Il convient de distinguer le deuil pathologique du deuil « normal ». Peuvent alors être utilisés un accompagnement bienveillant, une psychothérapie parmi lesquelles des thérapies cognitivo-comportementales, des traitements classiques de la dépression.... L’intensité du chagrin peut être réduite par une préparation au deuil par anticipation des familles au moins six mois avant le décès d’un cancéreux en phase terminale par exemple.
Krista Harrison, chercheur universitaire en gériatrie, frappée par une série de deuils au cours de sa carrière, pense que surmonter son chagrin n’est pas une guérison mais une réinvention de la personne. Son chagrin n’est pas diminué, c’est elle qui devient plus forte. Participer à des rencontres de groupes de personnes qui souffrent a eu sur elle des effets positifs grâce à l’empathie ressentie envers les divers participants. Le partage des diverses épreuves a été une source de soulagement.
Référence :
Harrison KL. Making Space for Grief in Academia. JAMA. 2021;326(8):699–700.
[1] Exactement : « Get Off the Cross, We Need the Wood for the Fire ». Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Get_Off_the_Cross,_We_Need_the_Wood_for_the_Fire