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Que proposer au cours d’un deuil prolongé ?

Publié le par Louis Lacaze

Que proposer au cours d’un deuil prolongé ?

Le chagrin est un désir, un besoin impérieux de retrouver quelqu’un ou quelque chose qu’on a perdu et qui reste toujours un élément essentiel de votre existence. Il peut même être recherché pour lutter contre le risque d’oublier la personne disparue. Le stade de l’incrédulité est suivi par un état de choc, d’insensibilité, le désir de la retrouver, un sentiment de colère devant l’injustice du sort pour enfin accéder à une acceptation. L’évolution du processus peut varier selon les personnes. Au bout d’une année, un groupe de 4% peut rester enfermé dans une grande souffrance, s’isoler, avoir des idées suicidaires.

Un entourage bien intentionné peut tenter d‘apporter une aide en faisant remarquer que le temps finit par effacer la douleur de l’absence, que d’autres personnes sont plus à plaindre… Ce raisonnement intellectuel reste totalement inefficace. Il doit éviter de poser la question : « Comment vas-tu ? » mais plutôt celle-ci : « Tu arrives à te concentrer aujourd’hui ?» qui pourra conduire à une réponse plus significative. La violence de « descend de ta croix, on a besoin du bois » [1]traduit une exaspération parfois compréhensible mais inexcusablement maladroite. Il convient de distinguer le deuil pathologique du deuil « normal ». Peuvent alors être utilisés un accompagnement bienveillant, une psychothérapie parmi lesquelles des thérapies cognitivo-comportementales, des traitements classiques de la dépression.... L’intensité du chagrin peut être réduite par une préparation au deuil par anticipation des familles au moins six mois avant le décès d’un cancéreux en phase terminale par exemple.

Krista Harrison, chercheur universitaire en gériatrie, frappée par une série de deuils au cours de sa carrière, pense que surmonter son chagrin n’est pas une guérison mais une réinvention de la personne. Son chagrin n’est pas diminué, c’est elle qui devient plus forte. Participer à des rencontres de groupes de personnes qui souffrent a eu sur elle des effets positifs grâce à l’empathie ressentie envers les divers participants. Le partage des diverses épreuves a été une source de soulagement.

Référence :

Harrison KL. Making Space for Grief in Academia. JAMA. 2021;326(8):699–700.


[1] Exactement : « Get Off the Cross, We Need the Wood for the Fire ». Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Get_Off_the_Cross,_We_Need_the_Wood_for_the_Fire

Publié dans aidants, affectivité

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Euthanasie et suicide assisté sont pratiques ancestrales

Publié le par Bernard Pradines

Image issues de https://www.allocine.fr/film/fichefilm-128/photos/detail/?cmediafile=21517273 et de  https://movierama.fr/plan-75-lheure-de-choisir-sa-mort/
Image issues de https://www.allocine.fr/film/fichefilm-128/photos/detail/?cmediafile=21517273 et de  https://movierama.fr/plan-75-lheure-de-choisir-sa-mort/

Image issues de https://www.allocine.fr/film/fichefilm-128/photos/detail/?cmediafile=21517273 et de https://movierama.fr/plan-75-lheure-de-choisir-sa-mort/

Je lis Véronique Lefebvre des Noëttes dans son ouvrage de 2021 intitulé « Vieillir n'est pas un crime. Pour en finir avec l'âgisme » :

« ... les exclusions liées à l’âge et aux déficiences ont toujours existé depuis la gérousie de Sparte, le Japon ancien ou dans la tribu des Koryak (nord de la Sibérie). Le meurtre du vieillard est l’objet rituel qui structure la société. Chez les Inuits, on demandait aux vieilles personnes de sortir de l’igloo, car les vieux sont une charge inutile… Se sentant devenir une charge, les personnes âgées vont se donner la mort. On ne les laisse pas seulement mourir, mais l’abandon des vieux dans un endroit où tout le monde sait qu’ils vont mourir est une règle sociale. Si l’enfant a des sentiments affectifs vis-à-vis de son père ou sa mère vieillissant, et refuse de porter ses parents dans la montagne, il est banni du groupe, car il n’a pas obéi à la règle purement sociale.

Secouer le cocotier ou l’arbre à vieux fruits. Il s’agit d’une forme de suicide de la personne âgée. Le film japonais La Ballade de Narayama en évoque une variante : le vieillard devenu un poids, inutile, est porté sur la montagne sacrée et laissé seul, pour y mourir. L’idée du cocotier est la suivante : quand une personne africaine ne peut plus, à cause de son grand âge ou de la maladie, atteindre le sommet du cocotier… sans tomber, en fait, elle tombe, elle est à la fois délaissée par les siens qui la « laissent tomber »‚ et tombe toute seule. Dans ce geste suicidaire, il y a l’idée des vieillards laissant le monde des plus jeunes pour s’en aller seuls, tombés du cocotier. L’abandon du vieillard sur la banquise est une variante dans le Grand Nord sibérien et sur l’île d’Hokkaido‚ où le vieux gelait sur place ou marchait jusqu’à épuisement. L’abandon se pratiquait aussi chez les Siriono de la forêt bolivienne ou chez les Ojibwas du lac Winnipeg, proches des Iroquois. La société traditionnelle ne cherche pas à retenir le vieillard, ni à l’empêcher de se suicider. »

Merci aussi au Japon de nous avoir offert « Plan 75 ».

Je m’interroge : ces pratiques attendues sous une forme moderne sont-elles un progrès ou un retour au temps de pénurie ? Ou bien, face à de nouveaux et nombreux défis devant nous tels que climat, chaleur, sécheresses, énergies manquantes, inégalités, guerres, qui promettent des dépenses nouvelles que nous devrons assumer, pressentons-nous un coût insupportable, consciemment ou non ?

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