Dori, le robot conçu dans un souci d’éthique
Le vieillissement général de la population et la double pénurie de personnel soignant et de proches aidants a conduit à une importante recherche de matériel d’aide aux personnes en mauvaise santé ne relevant pas d’une hospitalisation, ne séjournant pas dans un établissement et résidant à domicile.
De gros progrès sont régulièrement réalisés dans l’entretien de la mémoire, du langage, de la prise de médicaments, ainsi que dans l’ensemble des indicateurs de la dépendance dans les activités de la vie quotidienne (ADL) et les activités instrumentales de la vie quotidienne (IADL).
Les avancées touchent aussi le domaine des conseils pour le quotidien, des activités cognitives (jeux, exercices de mémoire), un soutien affectif (questions sur l’enfance, examen de photos, chansons) visant à entretenir un bien-être psychologique, activités physiques adaptées (jeux, mouvements), la préservation ou le rétablissement des contacts sociaux, la prise de médicaments, l’information des soignants : enregistrement et transmission d’information, envoi de signaux d’alerte en cas de nécessité.
Perfectionner un robot a soulevé un problème éthique chez ses concepteurs. Ne va-t-il pas infantiliser son utilisateur, le réduire à un état purement mécanique, le priver de toute intimité, de toute initiative personnelle ? Une équipe coréenne s’est attachée à créer un robot éthique, Dori. Il a l’apparence d’un ours en peluche, accomplit les fonctions classiques de ses pareils mais il prend en compte l’échelle des valeurs de l’utilisateur. En voici deux exemples, extraits de sa mémoire :
1 - L’utilisateur refuse de prendre son médicament
Si le robot répétait l’instruction en continu, l’utilisateur le déconnecterait. Solution retenue : il répète l’instruction trois fois, et envoie un message au personnel soignant et à la famille.
2 - L’utilisateur va aux toilettes et commence à fermer la porte à clé. Il est suivi par le robot. S’ensuit un « dialogue » :
- Vous ne devez pas fermer à clé, au cas où vous tomberiez !
- Ne me suis pas dans les toilettes. Éteins la caméra !
- Je ne vous filme pas. Je n’enregistre que les mouvements de vos articulations pour connaître votre position
- Non, ne filmez rien !
- L’enregistrement est désactivé, j’envoie un message à votre famille. L’enregistrement ne sera réactivé que si vous ou votre famille en donnez l’ordre.
Commentaires de Bernard Pradines.
Faut-il en rire, en pleurer, s’en réjouir ou s’en offusquer ? Toujours est-il que ces nouvelles technologies sont censées se substituer à une présence humaine devenue progressivement inexistante. C’est une réalité massive dans nos pays, la population étant occupée à des tâches en dehors du domicile. Pour le meilleur et pour le pire.