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Grand départ : témoignage d’une kinésithérapeute

Publié le par Alix Gilles

Image issue du site : https://www.crim-tech.fr/fr/produits-mortuaires/520-sac-mortuaire-adulte-noir-.html

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Hier après-midi, lorsque je suis arrivée à la maison de retraite où se trouve mon mari, j’ai butté sur une civière accompagnée de quelques personnes en sortant de l’ascenseur. Elles attendaient leur tour. Sur le brancard, pas de malade. Seulement un long sac en plastique noir ! Je ne suis pas certaine d’en avoir vu ailleurs que dans des films policiers. Il ressemble à un sac poubelle. J’étais à quelques mètres de la chambre de mon mari. En une fraction de seconde, je rectifiai mon terrible pressentiment : non, ça ne peut pas être lui. Bien sûr, je sais que la mort est présente dans toute maison de retraite. D’ailleurs, lors de la signature du contrat à l’entrée de mon mari, on m’a remis le dépliant d’une société de pompes funèbres. Délicate attention, on en conviendra…

A côté de la chambre de mon mari, il y a le local des kinésithérapeutes. M’entendant bien avec la plus âgée, Sabine, je l’ai interrogée. D’abord avec une question idiote : « Quelqu’un est mort ? ». J’apprends qu’il s’agit de madame M., ancienne restauratrice de tableaux. Sa porte étant toujours ouverte, je l’ai vue décliner ces derniers temps. Endormie dans son fauteuil, tête renversée et bouche ouverte. Parfois, j’évitais de jeter un regard dans sa chambre car elle représentait ce que mon mari va sans doute devenir.

J’ai dit à Sabine : « Ça te fait toujours quelque chose ? » Alors, elle s’est lâchée un peu :

« On ne s’habitue jamais ! Il y a des résidents avec qui on a davantage d’accointances. Du 1er au 29 avril 2020, il y a eu 29 morts. Sans compter ceux qui sont morts à l’hôpital. A la fin, ils partaient à l’hôpital et en revenaient deux heures plus tard, on nous les renvoyait !  Je n’ai jamais vu autant d’employés des pompes funèbres. Encore des mois plus tard, je faisais des cauchemars pleins d’hommes en costumes noirs et chemises blanches. »

Je me demande si on a pris en compte la souffrance du « personnel soignant ».

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Des soins palliatifs en Inde

Publié le par Louis Lacaze

Image issue de : https://muslimmirror.com/eng/understaffed-underserved-human-problems-of-indias-public-health-system/

Image issue de : https://muslimmirror.com/eng/understaffed-underserved-human-problems-of-indias-public-health-system/

Le cheminement de M. R. Rajagopal, médecin indien, d’abord anesthésiste puis spécialiste en soins palliatifs, mérite l’attention. Après avoir supprimé la douleur d’un patient par un geste thérapeutique et lui avoir dit qu’il n’avait pas à le revoir, il apprit que celui-ci s’était suicidé le soir même car il avait compris que sa maladie était incurable. Le Dr Rajagopal réalisa qu’il ne s’était intéressé qu’à une partie de la souffrance et n’avait pas vraiment accueilli le patient. Sa carrière prit alors un tournant.

L’état des lieux dressé par le médecin fut implacable. Dans le monde, celles et ceux qui souffrent sont discrets, en arrière-plan, invisibles. Ils ne se plaignent pas, ils souffrent trop. Ils n’ont pas d’importance, ils ne votent pas. Ce sont les oubliés de la médecine moderne qui grâce aux avancées impressionnantes de la science et des technologies a pu progresser à pas de géant dans la lutte contre la maladie en négligeant le patient. La lutte contre la souffrance s’est retrouvée au second plan, soigner une maladie est tellement plus facile que de soigner la souffrance et se révèle demande bien moins chronophage.

Le Dr Rajagopal a-t-il été poussé vers les soins palliatifs par générosité, compassion ? Il s’en défend. Simplement, il adore son travail qui donne un sens à sa vie. Des gens qui souffraient retrouvent le sourire.  D’autres qui exigeaient d’être euthanasiés retrouvent goût à la vie. Certains trouvent leur plaisir en achetant des grosses voitures, des grandes maisons. Le médecin trouve son plaisir dans son travail et les rencontres de personnes exceptionnelles qu’il a l’occasion de faire dans le monde des soins palliatifs. Après avoir créé une première association apportant gratuitement un accès aux soins palliatifs en Inde, il en a fondé une seconde où des volontaires visitent les mourants et accompagnent leurs derniers moments.

Commentaires de Bernard Pradines. Intéressant aveu de culpabilité à l’origine de la motivation de mon confrère indien pour l’exercice des soins palliatifs. Comme en écho à toutes celles et tous ceux, nombreux aussi en France, qui ont ressenti cette impérieuse nécessité d’aller au-delà d’une démarche technique dans l’approche de l’individu souffrant. Un noble idéal qui ne nous fera pas oublier nos limites dont celles imposées par un système de santé en grande difficulté.

Chanson demandée par le Dr Rajagopal Interprétée par le Dr Alan Smith

https://www.youtube.com/watch?v=K9yKK_3FZQE

Paroles :

To walk with the weary

To take away pain

To wipe away tears

Bring light through the rain

May we have the heart,

To hold out a hand,

To those beyond reach

Across the land

May we have the grace,

To calm their fears

Stay beside them

For hours or years

May we have the vision,

To not look away

May we open our hearts

To what they say

When the night is dark

And they walk alone

Let us carry the light

And walk them home…

Source :

Dr Tom McNally spécialisé en pédiatrie et soins palliatifs,  Dr. Rajagopal spécialisé en soins palliatifs, invités de Geripal animé par Alan Smith MD et Eric Widera MD   Palliative Care in India: M.R. Rajagopal

In today’s podcast we talk with Dr. Rajagopal (goes by “Raj”), one of the pioneers of palliative care in India…  He is also author of the book, “Walk with the Weary: Lessons in Humanity in Health Care”…  Raj is the founder of Pallium, an organization dedicated to improving palliative care throughout India. 

Publié dans soins palliatifs, éthique

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